C’est la rentrée ! Ne ratez pas à cette occasion la chronique du mercredi 3 septembre du Pr. Moreno sur la vulnérabilité de la ville de demain et ses impacts sur la santé humaine.
La rentrée s’annonce riche en événements concernant les réflexions sur les villes et leur intelligence : les Smart Cities. Partout dans le monde, conférences, congrès, et forums continuent à réunir la communauté internationale pour échanger et partager visions, concepts mais aussi pratiques et expériences. J’ai l’honneur et le plaisir de participer à cette démarche en apportant ma contribution dans cette voie qui mène à la ville vivante, en répondant au besoin de ré-inventer la ville dans un contexte de transition urbaine, et en faisant converger, comme je l’exprime souvent, le trio : Inclusion sociale, Rénovation urbaine, et Innovation technologique.
Je souhaite aborder dans cet article une réflexion, que j’ai eu à partager à l’occasion de mes différents séjours à travers le monde, à propos de ce que je considère être un élément majeur de l’intelligence urbaine : la santé. Et pour aller plus loin, il faut, je pense, parler de l’éco-santé, c’est-à-dire la santé de l’homme devenu urbain. En cette période de grandes mutations urbaines, les chaînes systémiques dans lesquelles l’homme vient s’inscrire connaissant en effet leur lot de transitions. Dans deux précédents articles, j’ai parlé de la problématique majeure de la vulnérabilité liée à l’aléa ainsi que de la pollution et de ses effets systémiques.
Je voudrais aller plus loin et partager mes réflexions sur les « nouvelles maladies urbaines ».
L’actualité est, malheureusement, riche d’exemples très concrets de menaces qui ne concernent plus uniquement l’homme mais toutes les formes de vie, avec le développement de situations qui concernent l’ensemble du monde urbain de la planète, du nord au sud et de l’est à l’ouest.
Nous parlons beaucoup du poids de l’urbanisation dans le monde, inéluctablement à majorité urbaine, de la rapidité de son développement et de son taux de croissance. Il est alors essentiel pour tous les acteurs de la ville et de surcroît pour ce qui nous intéresse : l’intelligence urbaine, de nous pencher sur les conséquences de ce phénomène au regard de la santé humaine et les impacts sur notre qualité de vie, qui est l’indicateur essentiel du bien vivre ensemble.
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a adopté une définition large de la santé qui « ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité », mais plutôt en «un état de complet bien-être physique, mental et social ». Il a été clairement démontré que la santé et le bien-être, dans leurs différents composants physiques, mentaux et sociaux, sont étroitement imbriqués et profondément interdépendants. La santé est influencée par de nombreux facteurs et en tout premier lieu celui de l’environnement de vie.
Jai déjà évoqué les risques et la vulnérabilité liés à la problématique de la gestion environnementale, avec le lot de maladies et de perturbations dans la chaine systémique de la santé, dues à la pollution. Celle-ci est générée par les trois grands contributeurs de CO2 et de gaz à effet de serre des villes que sont les produits toxiques, les réseaux de chaleur et de froid des bâtiments, et les véhicules motorisés à essence.
J’aborderai aujourd’hui deux autres éléments qui bouleversent nos vies, dans le sens strict du terme, directement liés à l’urbanisation et l’émergence des nouvelles formes de vie collective en ville, liées aux échanges et mutations sociales, culturelles, familiales…
Les nouvelles maladies infectieuses
Les nouvelles maladies infectieuses que nous voyons progresser un peu partout dans le monde, en lien direct avec les problématiques d’urbanisation : L’Ebola et sa propagation dans les pays africains, la dengue avec la remontée du moustique Tigre que nous retrouvons de plus en plus dans des grandes zones urbaines, et son cousin le chikungunya, pour citer trois exemples concrets à la Une des médias.
En 2009, le directeur Général de l’OMS David Heymann a déclaré, dans le cadre du colloque qui a eu lieu à Lyon sur la gestion des épidémies urbaines,[1] que “les maladies infectieuses peuvent émerger dans les zones rurales, mais les zones urbaines sont cruciales pour leur dissémination et leur transformation en épidémie, voire en pandémie”.
Faisons un zoom sur l’actualité en étudiant le cas de l’Ebola : Je cite le propos de la géographe et professeure Sylvie Brunel[2] « les foyers épidémiques de cette maladie hautement contagieuse et foudroyante ne sont plus limités à des villages isolés d’Afrique centrale. Ils se localisent au contraire au cœur même d’une Afrique urbaine et émergente, densément peuplée, où les frontières sont poreuses et les mouvements de populations si intenses que la chaîne épidémique se révèle très difficile à enrayer.
La façon dont sont pris en charge les malades entretient la défiance : mise à l’index, décontamination des maisons, soigneurs effrayants avec leurs scaphandriers protecteurs, absence de traitement autre que symptomatique incitent les familles à faire bloc autour des malades et à les dissimuler, transformant certaines maisons, familles, voire villages en bombes virales potentielles dans le déni collectif. Tout mettre en œuvre pour que l’épidémie cesse de s’étendre suppose de mieux prendre en compte les ressorts psychologiques qui entravent la lutte actuelle et empêchent une véritable mobilisation collective de l’ensemble des sociétés africaines, face à un péril perçu comme une nouvelle agression extérieure. C’est la mobilisation qui doit être planétaire, pas les barricades »
Jeudi 28 août, le directeur général adjoint de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Bruce Aylward, a averti que « ce n’était pas une crise africaine, mais une crise mondiale ». Le Nigéria, première économie africaine et à moyent terme une des première puissances démographiques mondiale avec sa capitale, la mégalopole de Lagos, que j’évoque souvent dans mes conférences, voit son économie affectée dans de nombreux secteurs. Les plus touchés sont l’aérien, le tourisme, l’hôtellerie, le commerce, et l’agriculture. L’analyse de la contribution de ces secteurs au produit intérieur brut montre que le Nigeria pourrait perdre environ 2 milliards de dollars au cours du premier trimestre de l’épidémie[3].
Pourquoi la propagation de l’Ebola au Lagos constituerait le pire scénario possible ? , c’est la question que se posent les analystes et à laquelle ils répondent : parce que Lagos est la mégalopole africaine la plus densément peuplée, 21 millions de personnes s’entassent dans cette ville, peut-être plus, elle est un lieu de transit pour toute la population nigériane, y compris la diaspora. Ensuite parce que Lagos est le poumon économique du Nigeria : Elle est l’un des centres économiques les plus dynamiques d’Afrique, tous les biens et les services y sont centralisés, notamment les produits pétroliers qui constituent la manne du pays. Si l’épidémie touche de plein fouet Lagos[4], le Nigeria sera à genoux, humainement et économiquement. Aujourd’hui ce n’est pas seulement toute l’Afrique de l’ouest qui est fragilisée[5] et toute son économie sérieusement menacée, les Nigérians ne sont pas les seuls à prier désespérément pour que cette maladie n’atteigne pas Lagos, mais le monde entier.
Dans le cas du virus chikungunya, à transmission pourtant vectorielle, le niveau d’urbanisation joue aussi un rôle important. Je cite l’excellente étude publiée en 2009 « L’environnement socio-spatial comme facteur d’émergence des maladies infectieuses »[6] : « l’urbanisation croissante et la concentration toujours plus forte des populations sont des facteurs d’émergence bien établis des maladies virales à transmission par aérosols qu’encouragent et accentuent la promiscuité et la multiplication des contacts interhumains. Dans le cas du virus chikungunya, à transmission pourtant vectorielle, le niveau d’urbanisation joue aussi un rôle important dans la mesure où Aedes albopictus ou moustique Tigre est un moustique particulièrement bien adapté en milieu urbain et périurbain ».
Le facteur urbain combiné au réchauffement climatique et à la portée des échanges internationaux, dans une économie mondialisée, amènent l’émergence de ce type de maladies dans les zones urbaines des pays du Nord. L‘étude de l’OMS[7] publié en septembre 2013 « Cadre régional pour la surveillance et la lutte contre les moustiques invasifs et vecteurs de maladies et les maladies réémergentes à transmission vectorielle » précise que la flambée épidémique de chikungunya en 2007 en Italie et les cas sporadiques de 2010 en France ont prouvé que l’Europe restait vulnérable à la transmission d’autres arbovirus tropicaux et ont confirmé que la transmission de ces maladies peut devenir indigène.
La dengue, proche du chikungunya, infection véhiculée par les moustiques est devenue également une maladie urbaine, prenant de plus en plus d’importance pour la santé publique internationale. Elle frappe à la fois dans les régions tropicales et subtropicales, principalement dans les zones urbaines et semi-urbaines. Elle menace 3,6 milliards de personnes vivant dans plus de 125 pays et territoires endémiques. On signale chaque année entre 70 millions et 500 millions de cas de dengue, avec 21 000 décès. La menace de la dengue s’est précisée ces dernières années en Europe. Les récents cas de transmission locale de dengue signalés en Croatie, en France en 2010 et dans la région autonome de Madère (Portugal) en 2012-2013, ont montré que la transmission de la dengue est possible dans différentes zones européenne où les genres Aedes albopictus ou Aedes aegypti sont présents.
L’OMS dans cette étude montre comment le changement climatique, en particulier les hausses de température et les inondations répétées, ainsi que l’urbanisation à grande échelle, peuvent contribuer davantage à la propagation et à l’implantation durable des moustiques. La mise au point d’un vaccin, comme cela a été annoncé récemment, est un enjeu majeur de santé publique internationale et en particulier dans ce cadre des nouvelles maladies urbaines, qui deviennent une priorité dans la lutte pour préserver la qualité de vie.
Mais il est indispensable de tenir compte, comme le signale l’étude de François Taglioni et Jean-Sébastien Dehecq et bien d’autres, que l’exposition des personnes aux piqûres en milieu urbain est dépendante de leur mode de vie et de la structure urbaine des villes.
Les nouvelles pathologies urbaines
Aux risques posés par les agents infectieux, et l’ensemble de la problématique environnementale s’ajoutent, dans cette phase de transition urbaine que je décris régulièrement, de nouveaux enjeux de santé liés aux changements de vie propre à l’urbanisation, aux conditions de vie des citadins et à la dynamique de développement inégale des villes, en particulier dans des contextes de forte croissance non maîtrisée.
Certains auteurs parlent même d’une autre transition, dite « transition épidémiologique ». Ce concept renvoie aux sources de l’analyse et prévisions des changements de profils des pathologies sanitaires développé en 1971 par Abdel Omran [8].
Pour ma part, je préfère parler des nouvelles vulnérabilités de la ville dans ses évolutions, liées aux mutations du tissu urbain et notamment de l’environnement social-territorial. En l’espace d’un siècle, de 1950 à 2050, nous allons passer de 700 millions de personnes habitant en ville à près de 6,5 milliards ! Si nous faisons un zoom entre 2000 et 2050, nous parlons de 3 milliards de personnes qui s’installeront dans des villes sur toute la planète. C’est le basculement, en 100 ans, d’un monde à 70% rural à un monde à 70% urbanisé[9].
Ainsi, la complexité des villes, l’urbanisation croissante, la montée en puissance du tissu urbain, l’augmentation des besoins en lien avec l’explosion démographique, la pression due à la diminution des ressources, mais également les fractures socio-économiques visibles dans le tissu social, font apparaître aujourd’hui une nouvelle sorte de vulnérabilité urbaine dans le domaine de la santé, lui-même en pleine évolution.
En revanche, l’urbanisation des villes entraîne des troubles tels que les bruits, le stress urbain lié aux activités, les risques naturels et/ou anthropiques, les insécurités routières et alimentaires, les impacts du changement climatique, les pollutions etc. Ceux-ci rendent la ville vulnérable au développement de pathologies dont certaines sont récentes comme l’hypertension artérielle, les maladies cardiovasculaires, l’asthme, le diabète, les allergies, l’obésité qui est généralement due à la sédentarité des personnes atteintes, les maladies de la promiscuité etc. La croissance urbaine est aussi à l’origine de la bidonvilisation et de la création des taudis donnant lieu à une certaine hétérogénéité à la ville[10]. En effet, comme nous le dit B.Newling[11] : « la croissance urbaine se traduit par une forte hétérogénéité interne et une opposition très nette entre ville légale et ville illégale, entre quartiers planifiés et quartiers construits en dehors des normes urbanistiques légales ».
L’ensemble de ces maladies, dites de «civilisation», ont pris le pas sur les maladies infectieuses – en particulier dans les pays de l’axe Nord-Ouest de la planète -, et résultent de la dégradation généralisée de notre environnement de vie. Ces maladies non transmissibles deviennent un enjeu majeur pour les citoyens, un enjeu majeur de santé publique et un enjeu économique, rien qu’à l’égard des dépenses par les systèmes publics, privés et personnels qui en résultent, sans compter les effets systémiques[12]. Margaret Chan, directrice de l’OMS, signale déjà en 2011 que « l’augmentation des maladies chroniques non transmissibles représente un énorme défi. Pour certains pays, il n’est pas exagéré de décrire la situation comme une catastrophe imminente pour la santé, pour la société, et surtout pour les économies nationale.»
Je terminerai cet article avec la citation d’Albert Levy, architecte-chercheur qui résume assez bien cette situation et ses enjeux dont nous sommes loin d’avoir pleine conscience : « nous devons interroger l’urbanisme actuel, responsable de la dégradation des milieux, qui a produit cet environnement physique et social pathogène, et pour ce faire appréhender l’environnement urbain, dans sa globalité, comme un facteur de risque, un facteur d’exposition, un facteur potentiel d’altération (mentale, physique) de la santé. La «santé urbaine», aujourd’hui en question, a pour tâche de diagnostiquer les causes et les mécanismes par lesquels la ville, dans son organisation et son fonctionnement, affecte la santé, en proposant des solutions (urbanistiques) alternatives. L’urbanisme durable, aujourd’hui, en gestation, devrait mieux intégrer la dimension sanitaire dans ses objectifs »
Pour ma part, je pense – comme j’ai pu l’exprimer dans diverses conférences et écrits – qu’il faut aller au delà de la composante urbanistique. Je pense qu’à l’image du développement durable désormais inscrit dans un cadre multi-dimensionnel, passant de considérations strictement écologiques à des considérations qui englobent le trio indissociable de l’environnement, l’économie et le social, il faut comprendre cette notion de l’urbanisme dans un sens plus large qui englobe l’ensemble de la vulnérabilité urbaine.
C’est, à mon sens, tout à fait indispensable pour comprendre les mécanismes qui entraînent la fragilité de la ville, du tissu urbain et des relations des habitants avec leurs territoires afin d’identifier ces vulnérabilités actives dont font partie les vulnérabilité de la santé urbaine, même lorsque celles-ci ne sont qu’en germe car elles sont porteuses de crises en puissance.
Ces nouvelles vulnérabilités structurelles ont par ailleurs la caractéristique de ne plus être liées à un espace-temps défini ou à une gouvernance particulière à un instant T, car elles sont à aborder et à traiter en amont et en aval, sur une période de temps qui dépasse la durée d’une mandature.
C’est à la lumière de ce constat qu’apparaît la nécessité de se pencher sur la vulnérabilité sociale-urbaine et la considérer comme un élément majeur dans notre conception de la ville vivante, sensible, légère.
La réflexion et l’action à l’échelle des villes dans notre monde urbanisé démontrent l’importance capitale de la compréhension des facteurs de vulnérabilité structurelle à cette triple échelle environnementale, économique et sociale.
Au-delà de la démarche techno-centrique, la ville intelligente, la Smart City Humaine, avec en son cœur le citoyen, sera celle qui saura comprendre l’importance capitale de sa vulnérabilité et mettra chaque jour prioritairement en œuvre la construction de sa résilience.
Carlos Moreno
Paris, 3 septembre 2014
[1]Colloque Biovision 2009, Lyon • Les sciences de la Vie face au défi de l’urbanisation[2] « Evitons toute stigmatisation de l’Afrique dans la lutte contre le virus Ebola » LE MONDE [3] Etude de Financial Derivatives Company, DG Bismarck Rewane,[4] http://www.courrierinternational.com/article/2014/07/28/ebola-a-lagos-le-pire-scenario-possible[5] BBC http://www.bbc.co.uk/afrique/region/2014/08/140826_ebola_economy_adb.shtml[6] « L’environnement socio-spatial comme facteur d’émergence des maladies infectieuse. Le chikungunya dans l’océan Indien » par François Taglioni et Jean-Sébastien Dehecq[7] http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0004/196231/63wd09f_Vector-borne.pdf[8] La transition épidémiologique et son évolution prévisible http://www.m2-ssents.uvsq.fr/spip.php?article801[9] Repenser la ville dans une société post carbone, ADEME,[10] Existe-t-il des pathologies spécifiquement urbaines ? Exemple de la ville de Lambaréné au Gabon, Audrey Claudelle PAMBO – Dr Aminata DIENE NIANG[11] Newling, B. (1971): “The spatial variation of urban population densities”, en Internal Structure of the city,Oxford University Press, Londres[12]Santé urbaine, quand la ville fait mal aux hommes par Albert Lev, Architecte Chercheur[13] Newling, B. (1971): “The spatial variation of urban population densities”, en Internal Structure of the city, Oxford University Press, Londres[14] Santé urbaine, quand la ville fait mal aux hommes par Albert Lev, Architecte ChercheurEl regreso de la pausa de verano se anuncia rico en acontecimientos que conciernen las reflexiones sobre la ciudad y su inteligencia, las Smart Cities. Por todas partes en el mundo conferencias, congresos, foros continúan reuniendo la comunidad para intercambiar y compartir visiones, conceptos pero también prácticas y experiencias. Tengo el honor y el placer de participar activamente en ellas donde aporto mi contribución siempre en esta vía trazada alrededor de la ciudad viva y de la necesidad de reinventar la ciudad en esta transición urbana, en la convergencia, como a menudo lo expreso de la Inclusión social, Reinvención urbana, Innovación tecnológica.
Deseo abordar con este artículo una reflexión que he compartido en mis diferentes estancias en el mundo, sin formalizarlas y que conciernen lo que considero es también un elemento mayor en esta problemática de la inteligencia urbana cuando ponemos al hombre en el corazón: la Salud y todavía más la Eco Salud, es decir la salud del hombre urbanizado, con su cadena sistémica que en este período grandes mutaciones urbanas, también trae su lote de transiciones. Ya he hablado en dos artículos precedentes aquí en I-AMBIENTE de la problemática mayor, de la vulnerabilidad a partir del azar y a la polución y sus efectos sistémicos. Yo querría ir hoy más allá y compartir mis reflexiones alrededor de las «nuevas enfermedades urbanas».
La actualidad es, desgraciadamente, rica en ejemplos muy concretos de lo que no son más de amenazas que pesan sobre el hombre pero situaciones que se desarrollan sin cesar y que conciernen también al mundo urbano del norte al sur, del este en el oeste del planeta, todas forma confundidas de vida.
Hablamos ampliamente en esta columna y en muchas partes sobre el peso de la urbanización en el mundo, la rapidez de su desarrollo y su acelerada tasa de crecimiento, en todos los continentes con un planeta ineluctablemente de mayoría urbana. Es entonces esencial para todos los actores de la ciudad, interesarnos sobre las consecuencias de este fenómeno respecto de la salud humana y los impactos en la calidad de vida, que es el indicador esencial del bien vivir juntos.
La Organización mundial de la salud (OMS) adoptó una definición de la salud que «no consiste solamente en una ausencia de enfermedad o de lesiones», sino más bien «en un estado de bienestar completo físico, mental y social». Ha sido demostrado claramente que la salud y el bienestar en sus diferentes componentes físicos, mentales y sociales están imbricados estrechamente y son profundamente interdependientes. La salud está influida por numerosos factores en los que está en primer lugar el ambiente de vida.
Ya he evocado los riesgos y la vulnerabilidad, la problemática de la gestión medioambiental con el lote de las enfermedades y perturbaciones en la cadena sistémica de la salud debidas a la polución, los productos tóxicos, los impactos de los vehículos motorizados a esencia, redes de calor y frío y los edificios, los tres grandes contribuidores de CO2 y del efecto de gas de invernadero a partir de las ciudades.
Abordaré hoy otros dos elementos que trastornan nuestras vidas, en el sentido estricto de la palabra y que están ligados directamente a la urbanización y la emergencia de nuevas formas de vida colectiva en ciudad con los intercambios y mutaciones sociales, culturales y familiares, etc.:
a) Las nuevas enfermedades infecciosas que vemos progresar por todas partes en el mundo y relacionadas directamente a las problemáticas de urbanización: el Ébola y su propagación en los países africanos, el dengue con el ascenso del mosquito Tigre, que encontramos cada vez más en grandes zonas urbanas y su primo el chikungunya, para citar tres ejemplos concretos, que están hoy en primera plana en los medios de comunicación. En 2009, el director general de la OMS David Heymann declaraba que “las enfermedades infecciosas pueden emerger en las zonas rurales, pero las zonas urbanas son cruciales para su diseminación y su transformación en epidemia, incluso en pandemia” en el coloquio que se efectuó en Lyon en Francia sobre «la gestión de las epidemias urbanas.[1]
En el caso del Ébola, de toda actualidad, hagamos un zoom. Cito la declaración de la geógrafa y profesora de la Sorbona Silvia Brunel[2] « los centros epidémicos de esta enfermedad altamente contagiosa y fulminante no son limitados más a pueblos aislados de África central. Ellos se localizan al contrario al mismo corazón de un África urbana y emergente, densamente poblado, donde las fronteras son porosas y movimientos de poblaciones tan intensas que la cadena epidémica se revela muy difícil de frenar.
El modo en el que se toman cargo los enfermos crea una cierta desconfianza: identificación individual, descontaminación de las casas, asistentes sanitarios y personal obligado a estar con sus escafandras protectoras, intervención cuando los síntomas se declaran incitando a las familias a solidarizarse alrededor de los enfermos y a disimularlas, transformando ciertas casas, a familias, incluso pueblos en bombas virales potenciales en una especia de negación colectiva de la enfermedad. Poner en ejecución todo para que la epidemia deje de extenderse supone de tomar en cuenta mejor los entornos psicológicos que traban la lucha actual e impiden una verdadera movilización colectiva del conjunto de las sociedades africanas, frente a un peligro percibido ahora de cierta manera como una nueva agresión exterior. Es la movilización que debe ser planetaria, no las barricadas »
El jueves, 28 de agosto, el director general adjunto de la Organización mundial de la salud (OMS), Bruce Aylward, advirtió que «no era una crisis africana, sino una crisis mundial ». La primera economía africana Nigeria y en unos años una de las potencias demográficas mundiales y con su capital, la megalópolis de Lagos, – que he evocado a menudo en mis conferencias-, se ve desde ahora afectada en múltiples actividades económicas. Los sectores más afectados son el aéreo, el turismo, la hostelería, el comercio, la agricultura. El análisis de la contribución de estos sectores al producto interior bruto muestra que Nigeria podría haber perdido cerca de 2 mil millones de dólares durante el primer trimestre de la epidemia.[3]
¿Por qué Lagos es el peor escenario posible para la propagación de Ebola? ¿Se interrogan los analistas?
Porque Lagos es la megalópolis africana más densamente poblada. Por lo menos 21 millones de personas, pero pueden ser más, viven en esta ciudad, que es también uno de los centros económicos más dinámicos de África y sobre todo un lugar de tránsito para toda la población nigeriana, incluso la diáspora. Luego porque Lagos es el pulmón económico de Nigeria: todos los bienes y los servicios son centralizados allí, particularmente los productos petroleros, el maná del país. Si la epidemia se propaga en Lagos, Nigeria estará fuertemente afectada humanamente y económicamente. Hoy no es solamente toda el África del Oeste[4] el que está debilitado[5] sino que toda su economía podría estar seriamente amenazada. Hoy no sólo los nigerianos rezan desesperadamente para que esta enfermedad no alcance Lagos, es el mundo entero el que lo espera[6]
En el caso del virus chikungunya, de transmisión sin embargo vectorial, el nivel de urbanización juega también un papel importante. Cito el estudio excelente publicado en 2009 « El medio ambiente socio-espacial como el factor de emergencia de las enfermedades infecciosas »[7] : « la urbanización creciente y la concentración siempre más fuerte de las poblaciones son unos factores de emergencia bien establecidos para la propagación de las enfermedades virales a transmisión por aerosoles que se acentúan con la promiscuidad y la multiplicación de los contactos interhumanos. En el caso del virus chikungunya, el nivel de urbanización juega también un papel importante en la medida en que Aedes albopictus o mosquito Tigre es un mosquito particularmente bien adaptado en medio urbano y periurbano ».
El factor urbano combinado con el recalentamiento climático y la intensidad de los intercambios internacionales en una economía mundializada conllevan la emergencia, por ejemplo, en los países del Norte de este tipo de enfermedades en zonas urbanas, que se acentúan en los países del sur en las grandes ciudades. El estudio de OMS[8] publicado en septiembre de 2013 « Marco regional para la vigilancia y la lucha contra los mosquitos invasores y vectores de enfermedades y las enfermedades reemergentes a transmisión vectorial » precisa que la presencia epidémica del chikungunya en Italia en 2007 y los casos esporádicos en Francia en 2010 probaron que Europa quedaba vulnerable a la transmisión de los otros arbovirus tropicales y confirma que la transmisión de estas enfermedades puede hacerse endogenamente.
El dengue, cercano al chikungunya, infección también transportada por los mosquitos igualmente, a diferencia del paludismo se ha convertido en una enfermedad urbana, tomando cada vez más importancia para la salud pública internacional. Esta se presenta en las regiones tropicales y subtropicales, principalmente en las zonas urbanas y semi urbanas. El Dengue amenaza 3,6 mil millones de personas que viven en más de 125 países y territorios endémicos. Señalamos cada año entre 70 millones y 500 millones de casos de dengue, con 21 000 defunciones. La amenaza del dengue se precisó estos últimos años en Europa. Los casos recientes de transmisión local dengue señalados en Croacia y en Francia en 2010 y en la región autónoma de la Madeira (Portugal), en 2012-2013 mostraron que la transmisión del dengue era posible en diferentes zonas de la Región europea donde los géneros Aedes albopictus o Aedes aegypti están presentes.
La OMS en este estudio muestra cómo el cambio climático, en particular las subidas de temperatura y las inundaciones repetidas, así como la urbanización en grande escala, pueden contribuir más a la propagación y a la implantación duradera de los mosquitos. La llegada de una vacuna, como esto ha sido anunciado recientemente por SANOFI es una elemento mayor internacional de salud pública y en particular en este marco de nueva enfermedades urbanas, que se hacen una prioridad en la lucha para preservar una calidad de vida[9].
Pero es indispensable tener en cuenta, como lo señala el estudio de Francisco Taglioni y Juan-Sebastián Dehecq ya citado y muchos otros, que la exposición de las personas a las picaduras en medio urbano es dependiente de su modo de vida y modo de la estructura urbana de las ciudades.
b) Las nuevas patologías urbanas : a los riesgos de los agentes infecciosos y el conjunto de la problemática medioambiental se añaden, en esta fase de transición urbana que yo describo regularmente, nuevas desafíos sobre la salud, ligados a los cambios de vida propios a la urbanización, las condiciones de vida de los ciudadanos y la dinámica desigual de desarrollo de las ciudades en particular en contextos de crecimiento fuerte, desordenado y muchas veces espontáneo.
Ciertos autores hasta hablan de otra transición, dicha la « transición epidemiológica » concepto, cuya fuente del análisis y las previsiones de los cambios de perfiles de las patologías sanitarias, fue desarrollado en 1971 por Abdel Omran.[10]
Por mi parte, prefiero hablar de las nuevas vulnerabilidades de la ciudad en sus evoluciones, imbricadas en las mutaciones de la estructura urbana particularmente del medio ambiente social-territorial.
¡En el espacio de un siglo, de 1950 a 2050, vamos a pasar de700 millones de personas que viven en ciudad a cerca de 6,5 mil millones! Si hacemos un zoom entre 2000 y 2050, hablamos de 3 mil millones de personas que se instalarán en ciudades sobre todo el planeta. Es la báscula, en 100 años, de un mundo al 70 % rural hecho al 70 % urbanizado.
Así, la complejidad misma de las ciudades, la urbanización creciente, la estructuración urbana, el aumento de las necesidades que hay que satisfacer y aumentando exponencialmente con la explosión demográfica, la presión debida a la disminución de los recursos, pero igualmente las fracturas socioeconómicas visibles en el tejido social, ponen de manifiesto hoy una nueva clase de vulnerabilidad urbana en el dominio de la salud también, en plena evolución.
Al mismo tiempo, la urbanización de las ciudades conlleva perturbaciones permanentes tales como los ruidos, el estrés urbano con la intensidad de las actividades, los riesgos naturales y/o antrópicos, la inseguridad, las transformaciones alimentarias, de su calidad y de su ritmo, los impactos del cambio climático, las poluciones etc. Éstas participan de la nueva vulnerabilidad de la ciudad con el desarrollo de nuevas patologías que toman un efecto masivo para algunas y en fuerte progresión para otras, entre las cuales cito la hipertensión arterial, las enfermedades cardiovasculares, cancer, asma, diabetes, alergias, la obesidad propia el estado sedentario, malas costumbres alimenticias y también nuevas costumbres de vida (largos periodos delante de todo tipo de pantallas), las enfermedades que van con la promiscuidad en el hábitat etc. El crecimiento urbano con los tugurios, barrios de invasión o construcciones precarias, forma parte de esta heterogeneidad en la ciudad, en particular en los países emergentes y dichos del “Sur”. En efecto, como el geógrafo – urbanista B Newling lo dice : « el crecimiento urbano se traduce en una heterogeneidad fuerte e interna y una oposición muy nítida entre ciudad legal y ciudad ilegal, entre marcos planificados y construcciones por fuera de las normas urbanísticas legales ».
El conjunto de estas enfermedades, dichas de “civilización”, pasa ahora por delante de las enfermedades infecciosas – en particular en los países del eje Norte Oeste del planeta pero presentes en las grandes ciudades en todo el mundo, y resulta de la degradación generalizada de nuestro ambiente de vida. Estas enfermedades no transmisibles son hoy un desafío mayor para los ciudadanos, para la salud pública y el conjunto socio económico, no sólo con respecto a los gastos de los sistemas públicos, privados y personales que resultan de eso sino además por los efectos sistémicos. Margaret Chan, directora de la OMS, ya señala en 2011 que « el aumento de las enfermedades crónicas no transmisibles representa un desafío enorme. Para ciertos países, no es exagerado de describir la situación como la catástrofe inminente para la salud, para la sociedad, y sobre todo para las economías nacional.»
Acabaré este artículo con la cita de Albert Levy, arquitecto-investigador que resume bastante bien esta situación de la que me parece que aun estamos lejos de haber tomado verdadera conciencia: « debemos interrogar el urbanismo actual, responsable de la degradación de los medios de vida en el entorno patógeno físico y social. Es necesario aprehender el ambiente urbano, en su carácter global, como el factor de riesgo, el factor de exposición, el factor potencial de alteración (mental, física) de la salud. La «salud urbana», tiene como tarea de diagnosticar las causas y los mecanismos por los cuales la ciudad, en su organización y su funcionamiento, afecta la salud, proponiendo soluciones urbanísticas alternativas. El urbanismo sostenible, hoy, en gestación, debería integrar mejor la dimensión sanitaria en sus objetivos »
Por mi parte pienso – así como puedo expresarlo en diversas conferencias y escritos – que hay que ir más allá del componente urbanístico. Creo que de la misma manera que el desarrollo sostenible vino para inscribirse en un marco multi-dimensional, haciéndolo pasar de un marco estrictamente ecológico a una triple composición ambiental, económica y social, también hay que asociarlo con esta noción más allá del urbanismo que es el conjunto de la vulnerabilidad urbana.
Mi sentimiento, es que es completamente indispensable profundizar la comprensión de la fragilidad de la ciudad, a través la estructura urbana y de las relaciones de los habitantes con su territorio con el fin de identificar estas vulnerabilidades “activas” de las que la salud urbana forma parte y las que, aun cuando solo están en germen, son ya portadoras de situaciones de crisis. Estas nuevas vulnerabilidades estructurales tienen por otra parte la característica de no ser limitadas a un espacio-tiempo definido o a una gobernanza particular en un instante T, sobrepasando la duración de un mandato electoral.
Es a la luz de esto que creo en la imperiosa necesidad de tratar la vulnerabilidad social-urbana como un elemento mayor en nuestra concepción de una ciudad viva y sensible.
La reflexión y la acción a la escala de las ciudades en nuestro mundo urbanizado demuestran la importancia capital de la comprensión de los factores de vulnerabilidad estructural en esta triple convergencia ambiental, económica y social.
Más allá del tecno centrismo, la ciudad inteligente, la Smart City Humana, con el ciudadano en el corazón, será la que sabrá comprender la importancia capital de su vulnerabilidad y pondrá en ejecución ante todo una capacidad a construir, cada día, su resiliencia.
Carlos Moreno
París, 3 de septiembre de 2014
[1] Coloquio Biovisión 2009, Lyon • Las ciencias de la Vida frente al desafío de la urbanización[2] « Evitemos toda estigmatización de África en la lucha contra el virus Ebola » Le Monde (Fr)[3] Estudio de Financial Derivatives Company, DG Bismarck Rewane, (En)[4] http://www.courrierinternational.com/article/2014/07/28/ebola-a-lagos-le-pire-scenario-possible[5] BBC http://www.bbc.co.uk/afrique/region/2014/08/140826_ebola_economy_adb.shtml[6] http://www.ventures-africa.com/2014/07/why-lagos-is-the-last-place-the-world-wants-ebola/[7] « El medio ambiente socio-espacial como factor de emergencia infecciosa de las enfermedades. El chikungunya en el Océano Índico »por Francisco Taglioni y Juan-Sebastián Dehecq (Fr)[8] http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_file/0004/196231/63wd09f_Vector-borne.pdf (En)[9] Ver el my completo website “BreakDengue” It’s time to put an end to the suffering caused by dengue[10] La transición epidemiológica y su evolución previsible http://www.m2-ssents.uvsq.fr/spip.php?article801 (Fr)[11] Repenser la ville dans une société post carbone, ADEME[12] Existe-t-il des pathologies spécifiquement urbaines ? Exemple de la ville de Lambaréné au Gabon, Audrey Claudelle PAMBO – Dr Aminata DIENE NIANG[13] Newling, B. (1971): “The spatial variation of urban population densities”, en Internal Structure of the city,Oxford University Press, Londres[14] Santé urbaine, quand la ville fait mal aux hommes par Albert Lev, Architecte Chercheur
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