Découvrez la tribune du Pr. Moreno rédigée à l’occasion du Forum Smart City du Grand Paris, qui se tiendra le 20 novembre 2014 à l’Hôtel de Ville. Carlos Moreno introduira l’événement avec un essai de définition de la Smart City aux côtés de Jean-Charles Decaux et Jean-Louis Missika.
De la « Ville Numérique » à l’intelligence urbaine, «Vivre dans une Ville Vivante »
La massification de l’Internet, le « cyber espace » avec la « ville numérique » souligne la puissance du monde numérique par sa capacité à pénétrer nos vies sous ses multiples E- X, E-Gouvernement, E-Education, E-Santé… Le numérique devient une source d’inspiration pour de multiples usages incarnés dans une réalité qu’elle va transformer. Avec la « ville connectée », les réseaux, l’hyper connectivité et l’Internet des Objets, elle devient maillée. L’information devient accessible à tout instant et d’autres comportements de citoyens émergent dans ses rapports avec la ville et sa gouvernance.
Pour la Smart City, devenue familière dans notre langage depuis quelques années, la ville devient « intelligente ». Nous la voyons ainsi classée, mesurée avec son QI et ses comparatifs. L’ère du Top X ou Y, de la ville la plus intelligente ici ou là, est arrivée. Mais de quelle ville intelligente parlons-nous? Une ville désincarnée de l’humain et son urbanisme où son QI est proportionnel au silicium déployé ? Une ville techno-centrée, algorithmique qui méconnait sa complexité, sa diversité intrinsèque, ses quartiers, sa vulnérabilité, ses fractures sociales, économiques, culturelles, écologiques ? La ville étant avant tout un lieu de vie et de partage, un lieu diversifié, hétérogène et multiple, nous proposons de la travailler dans une démarche « ville sensible », « ville hybride » incarnant le croissement social et technologique. C’est cette vision de l’intelligence urbaine, de la Smart City Humaine comme « ville vivante », territoire de vie et de brassage, que je préfère aborder.
A l’âge de la multitude, ces temps ubiquitaires du XXIème siècle viennent s’imbriquer dans la ville, lieu complexe par excellence. Mais au-delà des invariants fonctionnels, existant, d’une ville à l’autre, il est indispensable d’appréhender aussi sa différence. Chaque ville évolue avec son contexte, son histoire, sa géo politique, sa gouvernance, son propre rôle devenu souvent ville globale, ville – monde, tissant sa propre relation avec d’autres villes d’ailleurs et ses propres liens face aux Etats.
Cette intelligence de la ville n’est rien d’autre que celle des citoyens qui l’habitent. Mais c’est aussi comment faire face à sa vulnérabilité, aux mutations du tissu urbain et de l’environnement social-territorial.
Dans la ville vivante nous nous intéressons à son identité, ses traits socio-économiques, culturels, écologiques propres, aux exigences de plus en plus fortes des citoyens vis-à-vis de leur gouvernance et leurs rapports de plus en plus exigeants en terme d’usages et de services : mobilité, sécurité, logement social, enjeux énergétiques, foncier, réseaux, infrastructures, espaces publics, économie de proximité, culture, loisirs, fiscalité, attractivité et qualité de vie. Mais nous ne devons jamais perdre de vue que la ville est aussi fragile, impermanente, sensible aux aléas.
Un nouveau monde urbain émerge à la croisée de besoins sociétaux, de l’urbanisme, de l’intelligence ambiante, avec les révolutions technologiques qui sont en marche. La ville plateforme est un laboratoire exceptionnel à ciel ouvert d’idées et d’expériences.
La compréhension et l’anticipation de sa vulnérabilité sociale-urbaine est un élément majeur pour œuvrer dans la triple convergence indispensable pour sa transformation : sociale, urbaine, technologique.
Professeur Carlos Moreno
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