Retrouvez l’intégralité de l’intervention du Pr. Carlos Moreno qui s’est tenue le lundi 7 avril 2014 à l’IFCAM, l’Université d’entreprise du Groupe Crédit Agricole.
Résumé :
Qu’est-ce qu’une ville ? Système complexe, composé d’éléments hétérogènes qui doivent être pensés ensemble dans leur transversalité, la ville est avant un phénomène humain, que l’on ne saurait réduire à ses composantes techniques et technologiques. Il n’en demeure pas moins que les révolutions technologiques qui bouleversent aujourd’hui notre monde – et en premier lieu la révolution numérique – vont transformer et transforment déjà en profondeur les espaces urbains, en créant de nouveaux services et usages par un phénomène inédit d’hybridation entre mondes physique et numérique.
La ville est complexe parce qu’elle est par ailleurs comparable à un système vivant, qui se développe dans le temps. Comme tous les organismes vivants, elle obéit donc à deux tendances. D’une part, elle doit satisfaire ses besoins pour croître : toute ville a pour fonction de satisfaire les besoins vitaux de ses habitants et leur quête de bien-être. D’autre part, elle est soumise à un certain nombre d’aléas qui la rende fragile : tempêtes, pannes, incendies, attentats, épidémies etc. La ville doit donc être résiliente, c’est-à-dire être capable de surmonter ces aléas.
D’où la nécessité d’adopter, pour penser la ville, une approche par les sciences de la complexité. L’approche par la complexité suppose en effet de dépasser les objets et les systèmes pour s’intéresser, avant tout, à leurs interactions, car ces entités n’existent que par leur interdépendance et leur liaison à un moment donné dans un espace donné. Pour comprendre la réalité profonde de phénomènes de notre vie courante aussi variés que les mouvements de populations, les approvisionnements énergétiques, la gestion des flux en matières premières, le transport et la circulation, les impacts du changement climatique, des catastrophes naturelles, les situations de crise de tout type etc. il est ainsi nécessaire d’étudier et de comprendre les interactions, interconnexions et réseaux entre les diverses entités. Leur configuration, reconfiguration, topologie, dynamique, temporalité sont l’expression de leurs comportements dans la vie de tous les jours. Elles donnent lieu à des nouvelles expressions, à de nouveaux comportements, à des nouvelles manières de vivre, de consommer, de se socialiser…
L’apparition des nouvelles technologies dans nos sociétés, au delà de l’introduction de nouveaux outils et pratiques, obéit à une rupture qui entraine des nouveaux paradigmes dans l’ensemble de la société. En effet, ces technologies bouleversent en profondeur nos sociétés, les modes d’organisation et l’ensemble de nos vies, dans un monde soumis par ailleurs à de profondes mutations.
Nous assistons à l’heure actuelle à de puissants bouleversements à l’échelle mondiale, qui remettent en cause les équilibres socio-économiques et font émerger de nouveaux centres de pouvoir – annonçant un nouveau monde en pleine construction.
Raréfaction des ressources, réchauffement climatique, explosion démographique, concentration urbaine, augmentation du nombre de mégapoles, bouleversement des grands équilibres économiques mondiaux… L’ampleur des enjeux liés au phénomène urbain auxquels notre génération et celles qui vont nous suivre vont devoir faire face n’est plus à démontrer.
Parmi les grandes tendances à souligner, nous retiendrons d’abord l’explosion démographique planétaire : en 1960, nous étions 3 milliards d’habitants sur Terre. Nous sommes aujourd’hui 7 milliards et serons plus de 8,3 milliards en 2030. Dans le même temps, alors qu’on annonçait, à une époque pas si lointaine, un rééquilibrage entre zones urbaines et zones rurales, grâce au développement d’infrastructures de transport de qualité et du télé-travail, on observe, au niveau mondial, un phénomène d’explosion urbaine : aujourd’hui, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, plus de 50% de la population mondiale vit dans les villes. En Europe, ce chiffre atteint 77%. Et l’on estime qu’en 2030, sur 8,3 milliards de personnes, près de 5 milliards vivront dans des zones urbaines. Tandis que la population augmente et avec elle les besoins de consommation, les experts nous alertent depuis plusieurs années sur l’inquiétante diminution des ressources naturelles, les effets dramatiques du réchauffement climatique et l’augmentation de la pollution sur tous les territoires du globe.
Dans le même temps, on observe un basculement du monde vers de nouveaux centres de pouvoir économique, d’un axe nord-ouest à un axe sud-est. La Chine, l’Inde, le Brésil, le Mexique comptent déjà parmi les grandes puissances économiques de demain. Parallèlement, dans les pays émergents, on constate le développement d’une classe moyenne qui, avec un pouvoir d’achat devenant de plus en plus significatif, aspire à vivre selon un modèle de confort auparavant inconnu, miroir de notre axe Nord-Ouest mal en point, avec des envies de possession, de biens, de nouveaux loisirs.
Outre ce bouleversement des anciens équilibres socio-économiques mondiaux, nous vivons une époque tout à fait exceptionnelle d’un point de vue scientifique. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, nous vivons quatre révolutions technologiques de manière simultanée : numérique, bio-systémique, robotique-cognitive et nano-technologique.
Avec les nanotechnologies, nous sommes devenus capables de travailler au niveau du nanomètre (milliardième de mètre) avec une précision quasi atomique – ce qui devrait nous permettre de créer de nouveaux matériaux aux propriétés inédites, mais aussi à terme, de produire des nanorobots capables, par exemple, de réparer les dégâts causés par les maladies ou le vieillissement dans notre corps. La bio-systémique, quant à elle, ouvre des possibilités tout à fait nouvelles pour l’humanité, puisque nous devrions être capables à terme, d’agir directement sur l’ADN en créant par exemple de nouveaux types d’êtres vivants ou en modifiant profondément la structure de notre organisme. La révolution robotique-cognitive, en combinant les avancées des neurosciences et de l’informatique, nous laisse quant à elle entrevoir une possible création d’intelligences artificielles qui pourraient à terme devenir égales voire, pour certains, supérieures à la nôtre.
Quant à la révolution numérique, elle bouleverse nos vies au quotidien depuis l’avènement de la première génération des ordinateurs personnels, il y a maintenant 30 ans, suivi de la naissance du web, puis, plus récemment, de celle des réseaux sociaux qui sont désormais une référence collective. Selon moi, l’actuelle révolution numérique se caractérise ainsi, principalement, par la présence diffuse du numérique au plus profond des activités humaines, via un phénomène de maillage à évolution illimitée qui se développe et qui conduit à l’omniprésence du numérique.
L’apparition, depuis 5 ans environ, ce que l’on appelle les « smart devices » et de l’ « Internet des Objets » est en effet en train de donner lieu à ce que je continue d’appeler une véritable “révolution dans la révolution” numérique : la révolution ubiquitaire, qui se caractérise par la capacité à bénéficier d’une connexion technologique au reste du monde en tout lieu et à tout moment. Avec celle-ci, des possibilités inédites s’offrent désormais aux hommes : une instantanéité de la communication, la création d’espaces transversaux caractérisés par une métrique zéro, la capacité d’accéder à des objets autrefois réservés à des spécialistes, aujourd’hui supports d’usages multiples et ouverts à tous, dans un monde où le codage et les algorithmes se démocratisent et deviennent, grâce aux Apps, largement accessibles.
Les objets du 21ème siècle intègrent ainsi 3 composantes : technique, de savoir-faire et sociale. C’est ceci qui caractérise, selon moi, la révolution ubiquitaire : tout objet, quelle que soit la façon dont il est connecté, a désormais un usage social.
L’hybridation entre monde physique et monde numérique, rendue possible par le paradigme du massivement augmenté, porte en effet en elle un potentiel énorme de transformation de la vie urbaine, puisqu’elle permet de partir du monde physique pour le réinventer, par le biais du monde numérique et de l’usage social qui en est fait, en proposant des usages et des services entièrement nouveaux.
Nous sommes ainsi en train d’assister à une révolution des modes d’organisation : les systèmes hiérarchisés et verticalisés sont progressivement remis en question, puisqu’aujourd’hui, avec la diffusion massive et horizontale des informations.
Un nouveau monde urbain est en train d’émerger, porté par ces mutations de fond et l’apparition de nouveaux paradigmes de connaissance, issus des quatre révolutions technologiques. Ce contexte fait également naître pour nous des enjeux inédits auxquels il est crucial de réfléchir. Quelles vies dans nos villes souhaitons-nous pour demain, à la lumière des possibilités que nous ouvre le progrès technologique ?
La Ville de Demain, loin d’être simplement un espace où tout sera régi par la technologie connectée, sera un territoire où les citoyens construisent ensemble, à chaque instant, les services et les usages qui répondent à leur besoins fondamentaux et à leur quête de bien-être.
Auto-partage, mobilité multimodale, énergies décentralisées, valorisation du patrimoine, espaces publics urbains de convivialité, santé publique personnalisée, meilleure qualité de vie pour le troisième et le quatrième âge, éducation de masse en ligne, espaces ouverts de culture, d’art et de loisirs, démocratie participative sous des systèmes de gouvernance ouverts, systèmes d’information collaboratifs… : voilà quelques exemples de services qui sont en train de naître aujourd’hui et qui feront de la ville de demain une ville vivante, combinant l’intelligence urbaine, l’inclusion sociale et l’innovation technologique. Des exemples dans lesquels l’ubiquité (ubiquitous) offre au citoyen (le civis) de nouveaux espaces de vie (spatia) pour que l’espace urbain (urbis) lui apporte de meilleures conditions de vie, en accord avec une véritable politique du bien public (la res publica).
Néanmoins, à mon sens, « la Ville » dans l’absolu n’existe pas, car elle s’efface au profit des villes, qui du nord au sud et de l’est à l’ouest de notre vaste planète, naissent, croissent, se transforment et meurent. Au-delà des invariants que nous retrouvons d’une ville à l’autre (Urbis, Spatium, Res Publica, Civis), le point de départ essentiel de toute réflexion sur la ville doit ainsi se situer, d’après moi, dans la reconnaissance du fait que chaque ville possède une histoire et un territoire propres, qui forgent son identité et en font une entité unique. D’où la nécessité absolue, pour penser le devenir d’une ville, de contextualiser la réflexion en prenant en compte son développement dans l’espace et dans le temps
Il s’agit avant tout de comprendre les racines profondes de la vie de la ville dans le contexte de son histoire, de sa géographie, de sa culture, de son économie et de tant d’autres considérations qui donnent une propre connotation dans un espace et le temps. Je soutiens qu’il est indispensable de contextualiser dans chaque moment la ville et son développement pour que l’intelligence urbaine, socialement innovatrice et technologiquement avancée, converge de manière cohérente, vers une vision de transformation.
Une véritable révolution culturelle est donc indispensable, qui placerait la compréhension des systèmes interdépendants par leurs interactions dans leur contexte propre au cœur de notre action, nous permettant ainsi d’inventer et de réinventer, en amont, des usages et services qui transforment la vie et créent de la valeur, mais aussi des valeurs – au sens économique et au sens éthique du terme.
Notre devoir est de mobiliser ainsi la communauté de tous les acteurs de la ville (décideurs, élus, académiques, chercheurs, industriels, investisseurs, citoyens… etc) pour réfléchir et partager nos visions, au travers le monde, de manière collaborative et transverse, afin d’anticiper ensemble les enjeux et solutions de demain.
Dès aujourd’hui, il nous faut construire des écosystèmes transdisciplinaires, en faisant dialoguer des ingénieurs, philosophes, urbanistes, sociologues, architectes, designers, industriels, etc.
Nous devons encourager la discussion, l’échange, les réflexions nécessaires pour confronter des idées et des expériences. Elles sont indispensables pour pouvoir approfondir la compréhension d’un monde en mouvement, un monde en changement permanent.
Bibliographie recommandée :
Ascher F. (2009), L’âge des métapoles, La Tour d’Aigues, Editions de l’Aube
Berger, R. et Ghernaouti-Hélie, S. (2010), Technocivilisation : pour une philosophie du numérique, Lausanne, Presses polytechniques et universitaires romandes
Castells M. (1997), The power of identity, Oxford, Blackwell
Charreyron Perchet, A. (2012), Synthèses des travaux du groupe stratégique “Projets innovants pour des villes durables”, Paris, Ministère de l’écologie
Curien N. (2013), La Ville, les Technologies de l’Information et l’innovation ouverte, Conférence « 5 Plus City Forum », Issy Les Moulineaux http://www.ncurien.fr/images/PDF/city-forum-mars-2013.pdf
Curien N. (2013), De la Technosphère à la Noosphère, Colloque « Homos Numericus », Toulouse http://www.ncurien.fr/images/PDF/homo-numericus.pdf
Doueihi M. (2011), Pour un humanisme numérique, Paris, Librairie du XXe et du XXIe siècles
Duby G. (1985), Histoire de la France urbaine, Paris, Seuil
Goetz B. (2012), Promesse d’une ville, Paris, Arléa
Haentjens J. (2008), Le pouvoir des villes ou l’art de rendre désirable le développement durable, La Tour d’Aigues, Editions de l’Aube
Haentjens J. (2011), La ville frugale. Un modèle pour préparer l’après-pétrole, Paris, FYP éditions
Laville B. (2012), La ville, nouvel écosystème du XXIe siècle. Ville, réseaux, développement durable, Paris, Comité 21
Le Goix R. et Veyret Y. (2011), Atlas des villes durables. Ecologie, urbanisme, société : l’Europe est-elle un modèle ? Paris, Autrement
Levy C., Kegelart J-J., Forect M. (2012), Audit des synergies et convergences des démarches traitant de la conception durable des territoires à différentes échelles. Rapport n° 008372-01, Conseil général de l’environnement et du développement durable, Paris, Ministère de l’écologie, 2012
Lucan J. (2012), Où va la ville aujourd’hui ? Formes urbaines et mixité, Paris, Editions de la Villette
Masboungi A. (2012), Projets urbains durables : stratégies, Paris, Le Moniteur
Moreno C. (2013), Réflexions et Prospectives sur le Blog « La Passion de l’Innovation » https://www.moreno-web.net/category/reflexions-et-prospectives/ Paris
Ozouf-Marinier M-V. (2007), Le territoire, la géographie et les sciences sociales. Aperçus historiques et épistémologiques in Territoires, Territorialité, Territorialisation : et après ?, Vanier M. et alii (eds.), Actes des entretiens de la Cité des territoires, Université Joseph Fourier, Grenoble
Pornons H. (2013), Les Villes Intelligentes auraient-elles une face cachée ?, Blog d’Henri Pornons
Rundle, M. et Conley, C. (2007), Ethical Implications of Emerging Technologies, New-York, Unesco
Sassen S. (1991), The global city : New York, London, Tokyo, Londres, Gollancz
Sassen S. (2000), Territory and Territoriality in the Global Economy, International Sociology
Sassen S. (2011), Talking back to your intelligent city, McKinsey, What Matters
Viard J. (2013), Nouveau portrait de la France, la société des modes de vie, La Tour d’Aigues, Editions de l’Aube
Virilio, P. (2010), Le grand accélérateur, Paris, Galilée
Wachter, S. (2010), La ville interactive. L’architecture et l’urbanisme au risque du numérique et de l’écologie. Paris, L’Harmattan
Zbinden, G. (2010), L’Internet des Objets, une réponse au réchauffement climatique, European Commission, Preparing Europe’s Digital Future, Mid-Term Review, Paris, Éditions du Cygne
Llegado de Kyoto, una conferencia me esperaba el lunes 7 de abril en París antes de viajar el martes8 de abril à Medellín donde se realiza un evento de la mas alta importancia : el Foro Mundial Urbano. Cuando este texto sea publicado, ya estaré participando en este evento.
Mi tradicional citó del miércoles el honoro hoy compartiendo este texto que he preparado paraca esta conferencia del 7 de abril que tuvo lugar de allí el marco del seminario « Ciudad Inteligente : los nuevos desafíos » del Instituto de Formación del banca mutualista francés Crédito Agrícola hacia sabidos dirigentes.
Este articulo que sirvió de base tiene esta conferencia eres síntesis de un articulo extenso que fue publicado engalanó el Simposio Internacional « Materialidades Contemporáneas 2014 » en Francia
Mi texto de al semana próxima será escrito desde Colombia.
Gracias por su fidelidad.
Palabras claves : Ciudad, Complejidad, Systemica, Smart City, LiveableCity, Servicios, Mutaciones urbanas, Urbis, Civis, Spatium, Res publica, Ubiquitous, Emergencia, Inclusión social, Inteligencia Urbana, Innovación tecnológica, Hibridación, Nuevos usos, Numérico.
Resumen :
¿Qué una ciudad ? Sistema complejo y compuesto de elementos heterogéneos que deben ser pensados juntos en su transversalidad, la ciudad está antes de un fenómeno humano, que no se sabría reducir a sus componentes técnicos y tecnológicos. Él no queda menos que las revoluciones tecnológicas que trastornan hoy nuestro mundo – y en primer lugar la revolución numérica – van a transformar y ya transforman en profundidad los espacios urbanos, creando nuevos servicios y usos por un fenómeno inédito de hibridación entre mondes físicos y numéricos(as).
La ciudad es compleja porque es por otra parte comparable a un sistema vivo, que se desarrolla en el tiempo. Como todos los organismos vivos, ella obedece pues a dos tendencias. Por una parte, ella debe satisfacer sus necesidades para crecer: toda ciudad tiene como función de satisfacer las necesidades vitales de sus habitantes y su búsqueda de bienestar. Por otra parte, está sometida a un cierto número de azares que la haga frágil: tempestades, averías, incendios, atentados, epidemias etc. La ciudad debe pues ser résiliente, es decir capaz de superar estos azares.
De donde la necesidad de adoptar, para pensar en la ciudad, una aproximación por las ciencias de la complejidad. La aproximación por la complejidad supone en efecto de sobrepasar los objetos y los sistemas para interesarse, ante todo, por sus interacciones, porque estas entidades existen sólo por su interdependencia y su enlace en el momento dado en un espacio dado. Para comprender la realidad profunda de fenómenos de nuestra vida corriente tan variados como los movimientos de poblaciones, los aprovisionamientos energéticos, la gestión de los flujos en materias primas, el transporte y la circulación, los impactos del cambio climático, catástrofes naturales, las situaciones de crisis de todo tipo etc. es tan necesario estudiar y comprender las interacciones, las interconexiones y las redes entre diversas entidades. Su configuración, reconfiguration, topología, dinámica, temporalidad son la expresión de sus comportamientos a la vida de diaria. Ellas dan lugar a nuevas expresiones, a nuevos comportamientos, a nuevas maneras de vivir, de consumir, de socialisarse
La aparición de las nuevas tecnologías en nuestras sociedades, más allá de la introducción de nuevas herramientas y prácticas, obedece a una rotura que entraine nuevos paradigmas en conjunto de la sociedad. En efecto, estas tecnologías trastornan a profundidad nuestras sociedades, los modos de organización y el conjunto de nuestras vidas, en un mundo sometido por otra parte a mudanzas profundas.
Asistimos en la actualidad a trastornos poderosos a la escala mundial, que vuelven a poner en causa los equilibrios socioeconómicos y hacen emerger nuevos centros de poder – anunciando uno nuevo mundo en llena construcción.
Rarefacción de los recursos, el recalentamiento climático, la explosión demográfica, la concentración urbana, el aumento del número de mégapoles, trastorno de los grandes equilibrios económicos mundiales La amplitud de las puestas atadas al fenómeno urbano a las cuales nuestra generación y las que van a seguirnos van a deber hacer frente no hay que más ser demostrada.
Entre las grandes tendencias que hay que subrayar, retendremos primero la explosión demográfica planetaria : en 1960, éramos 3 mil millones de habitantes sobre Tierra. Somos hoy 7 mil millones y seremos más de 8,3 mil millones en 2030. En el mismo tiempo, mientras que se anunciaba, a una época no tan lejana, un reequilibrio entre zonas urbanas y zonas rurales, gracias al desarrollo de infraestructuras de transporte de calidad y de tele-trabajo, observamos, al nivel mundial, un fenómeno de explosión urbana : hoy, por primera vez en la historia de la humanidad, más del 50 % de la población mundial vió en las ciudades. En Europa, esta cifra alcanza el 77 %. Y consideramos que en 2030, sobre 8,3 mil millones de personas, cerca de 5 mil millones vivirán en zonas urbanas. Mientras que la población aumenta y con ella las necesidades de consumo, los expertos nos alertan desde hace varios años sobre la disminución inquietante de los recursos naturales, los efectos dramáticos del recalentamiento climático y el aumento de la polución sobre todos los territorios del globo.
En el mismo tiempo, observamos un balanceo del mundo hacia nuevos centros de poder económico, de un eje noroeste a un eje sudeste. La China, la India, Brasil, México ya cuentan entre las grandes potencias económicas de mañana. Paralelamente, en los países emergentes, comprobamos el desarrollo de una clase media que, con un poder adquisitivo que se hace cada vez más significativa, aspira a vivir según un modelo de comodidad antes desconocido, espejo de nuestro eje Noroeste malo en en absoluto, con envidias de posesión, de biens, nuevo ocio.
Además de este trastorno de los antiguos equilibrios socioeconómicos mundiales, vivimos una época completamente excepcional de un punto de vista científico. Por primera vez en la historia de la humanidad, vivimos cuatro revoluciones tecnológicas de manera simultánea : digital, bio-systémica, robótica – cognitiva y nanotecnológica.
Con las nanotecnologías, nosotros nos hicimos capaces de trabajar al nivel del nanometro (mil millonésima parte de metro) con una precisión casi atómica – lo que debería permitirnos crear nuevos materiales a las propiedades inéditas, pero también a término producir nanorobots capaces, por ejemplo, de reparar los daños causados por las enfermedades o el envejecimiento en nuestro cuerpo. La bio-systémica, en cuanto a ella, abre oportunidades completamente nuevas para la humanidad, ya que deberíamos ser capaces a plazos, de actuar directamente sobre ADN creando por ejemplo nuevos tipos de seres vivos o modificando profundamente la estructura de nuestro organismo. La revolución robótica – cognitiva, combinando los avances de las neurociencias y de la informática, nos deja en cuanto a ella entrever una creación posible de inteligencias artificiales que podrían a plazos hacerse iguales incluso, para algunos, superiores a la nuestra.
En cuanto a la revolución digital, ella trastorna nuestras vidas en el diario desde el advenimiento de la primera generación de los ordenadores personales, ahora tiene allí 30 años, control del nacimiento de web, luego, más recientemente, de la de las redes sociales que son en lo sucesivo una referencia colectiva. Según yo, la revolución actual y numérica se caracteriza, principalmente, así por la presencia difusa del numérico en lo más hondo de las actividades humanas, vía un fenómeno de maillage a evolución ilimitada que se desarrolla y que conduce a la omnipresencia del digital.
La aparición, desde cerca de 5 años, los que se llama el ” smart devices ” y de’ « Internet de los Objetos » está en efecto dando lugar a lo que continúo llamando una verdadera “revolución en la revolución” digital : la revolución ubiquitaria, que se caracteriza por la capacidad a gozar de una conexión tecnológica al resto del mundo en todo lugar y a cada momento. Con ésta, oportunidades inéditas se ofrecen en lo sucesivo a los hombres: una instantaneidad de la comunicación, la creación de espacios transversales caracterizados por una métrica una cero, una capacidad de acceder a objetos en otro tiempo reservados para especialistas, hoy soportes de usos múltiples y abiertos a ellos todos, en un mundo donde la codificación y los algoritmos se democratizan y se hacen, gracias a Apps, ampliamente accesibles.
Los objetos del siglo 21 integran así 3 componentes: técnica, de destreza y social. Es esto que caracteriza, según yo, la revolución ubiquitaria: todo objeto, cualquiera que sea el modo al que es conectado, tiene en lo sucesivo un uso social.
La hibridación entre mundo físico y mundo numérico, devuelta posible por el paradigma de masivamente aumentado, lleva en efecto en ella un potencial enorme de transformación de la vida urbana, ya que permite irse del mundo físico para reinventarlo, por el rodeo del mundo numérico y del uso social que es hecho, proponiendo usos y servicios totalmente nuevos.
Estamos así asistiendo a una revolución de los modos de organización: los sistemas jerarquizados y verticalisés son progresivamente puestos en duda, ya que hoy, con la difusión masiva y horizontal de las informaciones.
Un nuevo mundo urbano está emergiendo, llevado por estas mudanzas de fondo y la aparición de nuevos paradigmas de conocimiento, nacidos de cuatro revoluciones tecnológicas. Este contexto también origina para nosotros puestas inéditas a las cuales es crucial reflejar. ¿Qué vidas en nuestras ciudades deseamos para mañana, a la luz de las oportunidades que nos abre el progreso tecnológico ?
La Ciudad de Mañana, lejos de ser simplemente un espacio donde todo será regido por la tecnología conectada, será un territorio donde los ciudadanos construyen juntos, en cada instante, los servicios y los usos que les responden a por necesidades fundamentales y a su búsqueda de bienestar.
Auto – reparto, movilidad multimodal, energías descentralizadas, valorización del patrimonio, los espacios públicos urbanos de buena convivencia, la salud pública personalizada, la mejor calidad de vida para el tercero y la cuarta edad, educación de masa en línea, espacios abiertos de cultura, de arte y de ocio, democracia de participación bajo sistemas abiertos de gobernanza, sistemas colaborativos de información : he aquí unos ejemplos de servicios que están naciendo hoy y que harán de la ciudad mañana de una ciudad viva, combinando la inteligencia urbana, la inclusión social y la innovación tecnológica. Ejemplos en los cuales la ubicuidad (ubiquitous) ofrece al ciudadano (el Civis) de nuevos espacios de vida (Spatia) para que el espacio urbano (Urbis) le aporte mejores condiciones de vida, de acuerdo con una verdadera política de los bienes públicos (el Res publica).
Sin embargo, para mi” la Ciudad ” en abstracto no existe, porque en concreto hablamos de las ciudades, que del norte al sur y del este en el oeste de nuestro vasto planeta, nacen, crecen, se transforman y mueren. Más allá de los invariables que reencontramos de un ciudad a otro (Urbis, Spatium, Res Publica, Civis), el punto de partida esencial de toda reflexión sobre la ciudad debe así situarse, según yo, al reconocimiento del hecho que cada ciudad posee una historia y unos territorio limpios, que forjan su identidad y hacen una entidad única. De donde la necesidad absoluta, para pensar en el devenir de una ciudad, de contextualiser la reflexión tomando en cuenta su desarrollo en el espacio y en el tiempo
Se trata ante todo de comprender las raíces profundas de la vida de la ciudad en el contexto de su historia, de su geografía, de su cultura, de su economía y tantas otras consideraciones que dan una propia connotación en un espacio y tiempo. Sostengo que es indispensable contextualiser en cada momento la ciudad y su desarrollo para que la inteligencia urbana y socialmente innovadora y technologiquement avanzada, converja de manera coherente, hacia una visión de transformación.
Una verdadera revolución cultural es pues indispensable, que colocaría la comprensión de los sistemas interdependientes por sus interacciones en su contexto limpio en el corazón de nuestra acción, permitiéndonos así inventar y reinventar, río arriba, usos y servicios que transforman la vida y crean valor, pero también valores – al sentido económico y al sentido ético del plazo.
Nuestro deber hay que mobilizar así la comunidad de todos los actores de la ciudad (responsables, alcaldes y elegidos, académicos, investigadores, industriales, inversores, ciudadanos etc) para reflexionar y compartir nuestras visiones, al defecto el mundo, de manera colaborativa y transverse, con el fin de anticipar juntos las puestas y las soluciones de mañana.
Desde hoy, debemos construir ecosistemas transdisciplinaires, haciendo dialogar a ingenieros, a filósofos, a urbanistas, a sociólogos, arquitectos, diseñadores, industriales, etc.
Debemos animar la discusión, el intercambio, las reflexiones necesarias para confrontar ideas y experiencias. Ellas son indispensables para poder ahondar la comprensión de un mundo en movimiento, un mundo en cambio permanente.