L’infâme dictateur de l’Argentine, Jorge Videla, vient de mourir en prison, dans les toilettes, seul, alors qu’il purgeait une peine de perpétuité pour crimes contre l’humanité commis par le régime qu’il a dirigé en 1976. Un «soulagement pour l’Argentine» a ironisé la presse, étant donné les conditions de sa mort – et j’ajouterai pour la démocratie et les droits humains en Amérique latine et dans le monde.

Ce génocidaire a été le satrape sanguinaire de 1976 et 1981, responsable de l’enlèvement et la disparition de 30 000 opposants, ainsi que du vol de 500 enfants. Ces derniers ont été arrachés à leurs parents qui étaient en captivité dans le cadre de l’Opération Condor, plan tristement célèbre de coordination entre les dictatures du Cône Sud (avec Stroessner au Paraguay, Pinochet au Chili, Bordaberry à Montevideo, Banzer en Bolivie, Geisel au Brésil) et les Etats-Unis, semant une vague de terreur, de douleur, de mort et de haine dans tout le continent et déployant même ses tentacules meurtriers en Europe.

argentineNous tous, les hommes et femmes de l’exil latino-américain de l’époque, ceux qui n’avons jamais accepté la nuit obscure et glaciale qui a endeuillé notre continent, tous ceux qui ont souffert, qui ont résisté contre la sauvagerie incarnée par ces dictateurs en ces temps sombres, les mères, les courageuses Madres de Mayo, les parents, les amis des disparus, toutes les victimes de la persécution, de la torture, des enlèvements, leurs enfants, auxquels ils ont pris non seulement la vie de leurs parents, mais aussi la leur, car ils ont été “adoptés” par leurs tortionnaires , tous ceux qui croient dans les droits humains et au respect de la vie comme valeur sacrée – nous tous, encore aujourd’hui, nous pleurons cette tragédie macabre et indigne, qui a sacrifié toute une génération et broyé à jamais, par la force de bottes, des fusils et des baïonnettes, une jeunesse entière.

Cette douleur nous accompagnera toujours, parce que nous croyons avant tout à la vie, à la joie, à la démocratie, valeurs qui ont été piétinées, massacrées, insultées, brutalisées par des juntes militaires indignes, liées à des intérêts puissants, et qui, comme une tache fétide, se sont propagées par tout le continent latino-américain au cours de ces années fatidiques.

Videla n’a jamais manifesté le moindre remords et même dans ses dernières interviews, il appelait encore les soldats à se soulever contre le gouvernement de son pays et à lutter “contre la subversion”.

“Un être méprisable a quitté ce monde,” a déclaré la porte-parole des Grands-mères de la Plaza de Mayo, Estela de Carlotto, après avoir appris la nouvelle de sa mort. “Videla restera comme l’homme qui a dirigé la plus cruelle dictature de l’histoire latino-américaine”, a déclaré José Miguel Vivanco, directeur pour le continent de Human Rights Watch, dans un communiqué.

placedelmayLe Prix Nobel de la Paix (1980), Adolfo Pérez Esquivel, a également dit que Videla “n’a jamais regretté ces crimes, et il part avec beaucoup d’informations”.

Notre devoir inébranlable de mémoire nous amène aujourd’hui, malgré la disparition de ce despote ignoble, honte de l’humanité, à garder vivant dans nos esprits le souvenir de ces moments néfastes, afin qu’ils ne se reproduisent jamais.

Je partage ici avec émotion l’un des poèmes du patrimoine commun de l’Amérique latine et de l’humanité, le poème XII du Chant Général de notre grand frère Pablo Neruda : “Montes ! Nais avec moi, Frère”, hommage à tous ceux qui partagent cette blessure profonde dans leur cœur.

Il est également dédié aux nouvelles générations, afin que celles-ci n’oublient jamais.

Chant général de Pablo Neruda
Hauteurs de Macchu – Picchu
Poème XII

Monte ! Et nais avec moi, frère !

Donne-moi la main, du fond
De ta douleur éparse

Tu ne reviendras pas de l’épaisseur des pierres,
Tu ne reviendras pas du temps souterrain,
Ni ne reviendra ta voix rauque,
Ni ne reviendront tes yeux perforés.

Regarde-moi depuis le fond de la terre
Laboureur, tisserand, pasteur taciturne  :
Dompteur des vigognes tutélaires :
Maçon du traître échafaudage :
Porteur d’eau chargé des larmes des Andes :
Joaillier aux doigts broyés :
Semeur tremblant dans sa semence :
Potier répandu dans sa glaise.

Apportez à la coupe de la vie nouvelle
Vos vieilles douleurs ensevelies.
Montrez-moi votre sang votre sillon
Dites-moi : ici, je fus puni
Parce que la gemme fut sans éclat, parce que le sol
Ne donna pas à temps la pierre ou le grain.

Désignez-moi la pierre où vous êtes tombés,
Le bois où vous fûtes crucifiés
Éclairez pour moi les antiques silex,
Les vieilles lampes, les fouets collés
Aux plaies à longueur de siècles
Et les haches brillantes sous le sang.

Moi, je viens parler par votre bouche morte.
Unissez à travers la terre toutes vos
Silencieuses lèvres dispersées
Et depuis votre abîme durant toute
Cette longue nuit, parlez-moi
Comme si j’étais retenu par la même ancre que vous,
Racontez-moi tout, chaîne après chaîne,
Maillon après maillon, pas à pas,
Affilez les couteaux que vous avez conservés
Mettez-les-moi dans la poitrine et dans les mains
Comme fleuve d’éclairs jaunes
Comme fleuve de tigres enterrés

Et laissez-moi pleurer, des heures, des jours, des ans
Des âges aveugles, des siècles sidéraux.

Donnez-moi le silence, l’eau, l’espérance.

Donnez-moi la lutte, le fer, les volcans.

Comme autant d’aimants, suspendez à moi vos corps.

Envahissez mes veines et ma bouche.

Parlez par mes mots, parlez par mon sang.

El dictador argentino J. Videla viene de morir : homenaje a las víctimas

El infame dictador de Argentina, Jorge Videla, viene de morir en la cárcel, en un WC, solo, pagando condena perpetua por delitos de lesa humanidad cometidos por el régimen que el encabezo en 1976. Un “alivio” para Argentina dice la prensa irónicamente, dadas las condiciones de su muerte y yo añado para la democracia y los derechos humanos en toda America Latina y el mundo.

Este genocida fue el sátrapa sanguinario de 1976 y 1981, cuando fueron secuestrados y desaparecidos la gran mayoría de los 30 mil opositores mientras unos 500 niños fueron robados a sus padres que se encontraban en cautiverio en el marco de la Operación Cóndor, plan de coordinación represivo entre las tristemente celebres dictaduras del Cono Sur, (con Stroessner en Paraguay, Pinochet en Chile, Bordaberry en Montevideo, Banzer en Bolivia, Geisel en Brasil) y los USA, llevando su ola de terror, de dolor, de muerte a todo el continente y extendiendo sus tentáculos asesinos también en Europa.

argentineNosotros, hombres y mujeres del exilio latino americano de esa época, que nunca aceptamos la sombra noche que enluto nuestro continente, todos aquellos que sufrieron, que resistieron contra la bestialidad encarnada por esos dictadores en esos momentos lúgubres, las madres, las valerosas Mades de Mayo, los familiares, amigos de los desaparecidos, todas las víctimas de persecuciones, torturas, secuestros, sus hijos, a quienes le arrebataron no solo la vida de sus Padres sino las suyas mismas para siempre “adoptados” por los torturadores abyectos, todos aquellos que creemos en los derechos de los humanos y el respeto de la vida como valor sagrado, lloramos aun hoy la vida que se fué, las juventudes inmoladas, las generaciones sacrificadas.

Porque ese dolor nos acompañara siempre, porque creemos ante todo en la vida, la alegría, la democracia, que fueron pisoteados, masacrados, manoseados, injuriados, brutalizados por juntas militares ligadas a intereses de poderosos y que como mancha pútrida se extendieron por todo el continente latino America en esos años funestos.

Videla nunca mostró arrepentimiento y aun en sus últimas entrevistas, arengó a los militares a levantarse contra el gobierno de su país y luchar contra la subversión.

“Un ser despreciable ha dejado este mundo”, dijo la titular de las Abuelas de Plaza de Mayo, Estela de Carlotto, tras conocer la noticia de su muerte. “Videla será recordado como el hombre que encabezó la dictadura más cruel de la historia de América”, ha dicho José Miguel Vivanco, director para el continente de Human Right Watch, en un comunicado.

placedelmayEl Premio Nobel de la Paz (1980), Adolfo Pérez Esquivel, también señaló que Videla “nunca se arrepintió de los crímenes y se lleva mucha información”.

Nuestro deber inquebrantable de memoria nos lleva a hoy, a pesar de la desaparición de ese déspota, innoble, vergüenza de la humanidad, a guardar vivo en nuestro pensamiento el recuerdo de aquellos momentos nefastos para que nunca más se reproduzcan.

Comparto con emoción aquí uno de los poemas de nuestro patrimonio común de America Latina y de la humanidad, el poema XIII de nuestro gran hermano Pablo Neruda de su Canto general, ” Sube a nacer conmigo, hermano” como sencillo homenaje a todos aquellos, que con dolor, comparten hoy esta herida profunda en nuestro corazón.

Va también dedicado a las nuevas generaciones simplemente para nunca olvidar.

XII

SUBE a nacer conmigo, hermano.


Dame la mano desde la profunda
zona de tu dolor diseminado.

No volverás del fondo de las rocas.
No volverás del tiempo subterráneo.
No volverá tu voz endurecida.
No volverán tus ojos taladrados.

Mírame desde el fondo de la tierra,
labrador, tejedor, pastor callado:
domador de guanacos tutelares:
albañil del andamio desafiado:
aguador de las lágrimas andinas:
joyero de los dedos machacados:
agricultor temblando en la semilla:
alfarero en tu greda derramado:

Traed a la copa de esta nueva vida
vuestros viejos dolores enterrados.
Mostradme vuestra sangre y vuestro surco,
decidme: aquí fui castigado,
porque la joya no brilló o la tierra
no entregó a tiempo la piedra o el grano:

Señaladme la piedra en que caísteis
y la madera en que os crucificaron,
encendedme los viejos pedernales,
las viejas lámparas, los látigos pegados
a través de los siglos en las llagas
y las hachas de brillo ensangrentado.

Yo vengo a hablar por vuestra boca muerta.
A través de la tierra juntad todos
los silenciosos labios derramados
y desde el fondo habladme toda esta larga noche
como si yo estuviera con vosotros anclado,
contadme todo, cadena a cadena,
eslabón a eslabón, y paso a paso,
afilad los cuchillos que guardasteis,
ponedlos en mi pecho y en mi mano,
como un río de rayos amarillos,
como un río de tigres enterrados,

Y dejadme llorar, horas, días, años,
edades ciegas, siglos estelares.

Dadme el silencio, el agua, la esperanza.

Dadme la lucha, el hierro, los volcanes.

Apegadme los cuerpos como imanes.

Acudid a mis venas y a mi boca.

Hablad por mis palabras y mi sangre.