Ce mercredi est l’occasion de découvrir en ligne un article rédigé par le Pr. Carlos Moreno pour la revue du Centre d’Étude et de Prospective Stratégique (CEPS) sur le thème « 2064 – Comment ira le monde dans 50 ans ».
HOLOCÈNE, ANTHROPOCÈNE, MOLYSMOCÈNE ?
Projetons-nous en arrière, il y a 10 000 ans, date à laquelle démarre l’Holocène (du grec holos : entier et kainos : récent), période qui suit la dernière glaciation planétaire. Au cours de cette période, on a vu l’homme devenir chasseur, puis agriculteur ; les grandes révolutions industrielles (invention de la machine à vapeur, de l’électricité, puis de l’informatique) ont ensuite considérablement accéléré la transformation qu’au cours de l’Histoire l’homme a également opérée sur lui-même et sur son environnement. Ces cent dernières années, la population mondiale est passée de deux milliards à plus de sept milliards d’habitants. Sur cette même échelle, l’activité humaine a produit un taux croissant de CO2 qui, pour la première fois, en 2013, a dépassé le seuil de 400 ppm (partie par million) – mettant ainsi sérieusement en danger l’humanité et remettant en cause son futur.
Il me paraît pertinent, au vu de cette très forte accélération des mutations de notre monde, de s’interroger sur des trajectoires de nature différente, correspondant aux choix que les hommes ont à faire aujourd’hui. La véritable question, me semble-t-il, c’est de savoir ce que nous ferons des capacités extraordinaires, presque illimitées, dont nous allons nous doter via les progrès du numérique, des sciences cognitives et de la robotique.
D’ici cinquante ans, aurons-nous définitivement basculé dans l’Anthropocène (du grec anthropos, l’homme) ? Ce terme, popularisé par le Prix Nobel de chimie Paul Crutzen, désigne une nouvelle période géologique qui débuterait à la fin du XVIIIe siècle avec les révolutions industrielles et se caractériserait par une influence prédominante de l’homme sur le système terrestre. À l’heure actuelle, cette période n’est toutefois pas officiellement reconnue et ajoutée à l’échelle internationale des temps géologiques. On peut imaginer qu’au vu des considérables transformations qui s’annoncent, avec la concomitance de quatre nouvelles révolutions scientifiques – la révolution numérique, la révolution nano-technologique, la révolution bio-systémique et la révolution robotique-cognitive –, le basculement sera, d’ici cinquante ans, acté.
À moins que nous n’ayons déjà basculé, dans cinquante ans, vers une nouvelle ère planétaire, l’ère « cosmozoïque » (pour reprendre le nom inventé par le Pr. Maurice Fontaine de l’Académie des Sciences, qui signifie « vie dans l’espace »). Il est en effet possible que les progrès des technologies combinés aux difficultés que nous aurons à vivre sur une planète fortement endommagée et manquant de ressources nous conduisent à la colonisation de nouveaux territoires sur la Lune, Mars, ou des exo-planètes.
Je trouve également intéressante l’idée avancée par Maurice Fontaine qu’au sein de cette nouvelle période que l’humanité connaît, nous soyons en fait actuellement dans une période dite Molysmocène (« âge de la pollution »). Idée qui repose sur le fait que les paléontologues du futur, s’il y en a, découvriront sur Terre peu de restes humains fossilisés mais énormément de déchets – fait qui a également donné l’expression « Poubellien supérieur » proposée par certains géologues et archéologues ! Un raccourci qui nous permet de mettre en exergue un défi majeur pour l’humanité à l’échelle des cinquante prochaines années… Notre planète sera-t-elle en capacité de nous accueillir ?
J’ai eu l’occasion de découvrir grâce à l’un des grands navigateurs français cette réalité nommée « Sixième Continent », ce gigantesque amas de déchets qui s’est formé dans le Pacifique entre la Californie et Hawaï. Découvert fin 1997, cet amas, composé à 90 % de plastiques générés par les activités humaines et acheminés par les courants marins, avoisinerait les 3,7 millions de kilomètres carréset les trente mètres de profondeur. Cette triste réalité m’a convaincu qu’aujourd’hui, la pollution est bien plus qu’un problème à traiter parmi d’autres. Elle est l’enjeu crucial du devenir de l’humanité. Et la vraie question qu’il me paraît souhaitable de poser est de savoir si d’ici cinquante ans, l’homme aura été capable de se réconcilier avec lui-même et avec son environnement pour amorcer une nouvelle période de son histoire.
VERS L’ÂGE DE LA CONNAISSANCE, VIA L’EMPATHIE
Au cours des cent dernières années, l’Humanité s’est appropriée des technologies qui ont transformé les rapports des humains entre eux, avec la planète et avec le futur. Aujourd’hui, nous sommes face à une rupture technologique dont l’ampleur va bien au-delà, de tout ce que nous avons pu connaître avant. Au cours précédentes révolutions, l’homme a découvert et appris à maîtriser un élément (la pierre, le cuivre, le bronze, le fer, l’électricité, la vapeur, le silicium). Avec la maîtrise du silicium et l’essor d’une dynamique de la connaissance transdisciplinaire que nous avons acquise, ce sont quatre révolutions technologiques simultanées que nous avons vu naître à la fin du XXe siècle et au début du XXIe : celle du numérique avec la puissance du silicium embarqué et l’Internet de tout, la bio-systémique avec la compréhension de l’ADN et le décodage génétique, des nanotechnologies et les nouveau matériaux et procédés subatomiques et la robotique cognitive avec l’hybridation de notre cerveau avec les intelligences artificielles mécatroniques. Ces révolutions vont engendrer, n’en doutons pas, de profondes transformations dans la relation de l’homme à l’homme, à la planète Terre et à l’espace. Les prémices du changement sont déjà là, et c’est la révolution numérique qui aujourd’hui nous paraît la plus visible. Il ne va faire que s’accentuer dans les années à venir, du fait de la convergence de ces quatre révolutions qui vont toucher toute l’humanité.
Tout l’enjeu de ces années à venir se situe selon moi dans la question de savoir si, forts de l’apport de ces révolutions technologiques, nous serons capables de nous transformer nous-mêmes, et d’atteindre l’âge de la connaissance, un âge qui se caractériserait par le respect de la nature, de la Terre et de l’espace. Saurons-nous laisser derrière nous le genre « Poubellien supérieur » ? Atteindrons-nous finalement la noosphère, terme créé par Teilhard de Chardin dans les années 1930, ou « sphère de la pensée humaine » ? Il s’agit pour cela de développer, au niveau de l’humanité tout entière et en s’appuyant sur les révolutions technologiques, une conscience collective, une maturation qui puisse aboutir à des formes d’organisation plus humaines et plus respectueuses de l’environnement.
La noosphère, à l’âge de l’Internet, comme le dit Nicolas Curien de l’Académie des Technologies, ne serait-elle pas cette conscience collective globale, extension de la conscience de soi rendue possible par les technologies numériques ? C’est un stade que nous avons la nécessité d’atteindre pour survivre, semble-t-il. Le défi le plus important, dans les cinquante années à venir, est bien de construire des rapports à l’Autre de nature différente, en développant une empathie planétaire. Je pense ici au slogan de l’artiste américaine Barbara Kruger « L’empathie peut changer le monde », apposé notamment dans la gare centrale de Strasbourg. L’auteur Philip K. Dick, dans son roman Les androïdes rêvent-ils de motos électriques ? faisait de l’empathie la seule qualité permettant de distinguer les androïdes des êtres humains – de même que dans le film Blade Runner, on utilise un test de psychologie visant à révéler l’absence d’empathie pour distinguer l’artificiel du naturel.
D’ici cinquante ans, nous aurons peut-être réussi à mettre en évidence le rôle, dans le cerveau humain, des neurones qui sont à l’origine de l’empathie, les neurones miroir ou neurones empathiques. En Californie, le Pr. Ramachandran étudie à l’heure actuelle le fonctionnement de ces neurones particuliers. Surnommé le « Marco Polo des neurosciences », il fait partie des cent personnalités à suivre au XXIe siècle selon Time Magazine.
QUELLES MUTATIONS POUR L’HOMME À L’HORIZON DE 50 ANS ?
Quels impacts, dès lors, auront les révolutions technologiques en cours sur la mise en place de cette contagion émotionnelle via l’empathie et la création d’une conscience collective globale ?
La prochaine étape, après la maîtrise du silicium, sera la maîtrise du graphène. Celle-ci nous permettra de manipuler la lumière elle-même, par exemple. Les potentialités du graphène sont en effet telles (qu’il s’agisse de sa conductivité, de sa résistance, de sa souplesse ou de sa bidimensionnalité qui le rend extrêmement léger) qu’elles devraient bouleverser très vite notre rapport au monde. Le Prix Nobel de physique 2010 a ainsi récompensé les travaux révolutionnaires menés par deux chercheurs britanniques sur le graphène, et le premier colloque mondial sur ce sujet s’est tenu à Toulouse en mai 2014.
Nous connaîtrons en même temps la révolution de l’ADN, puisque nous savons déjà, aujourd’hui, produire de l’ADN. Un institut de recherche européen et une université américaine ont réussi, au même moment, à créer de l’ADN artificiel dans lequel ils ont stocké des données, qu’ils ont ensuite pu récupérer. L’opération, dans l’un des deux laboratoires, a pu être réalisée sans aucune erreur dans la restitution des données. Si nous sommes aujourd’hui capables de lire et d’écrire dans de l’ADN, cela signifie que d’ici cinquante ans nous serons capables de faire de l’ADN un support d’information. Et donc que nous pourrons stocker, à des coûts raisonnables, dans un matériau plus fin qu’un cheveu, une quantité d’information absolument énorme.
Ces potentialités, conjuguées à la maîtrise des nanotechnologies (nano-capteurs, nano-robots, etc.), vont nous permettre en outre de capter des informations physico-chimiques, non seulement dans l’environnement qui entoure l’homme, mais aussi à l’intérieur du corps humain – que nous serons donc en mesure d’explorer complètement. Il est clair en tous cas que la médecine et toute notre approche du corps humain vont être révolutionnées à l’horizon des cinquante prochaines années.
La robotique enfin, discipline née il y a cinquante ans, connaît à l’heure actuelle des progrès décisifs. On voit par exemple que le recours aux drones est en train de se généraliser dans le monde civil, alors que les premiers programmes de recherche sur les drones destinés au monde militaire sont apparus il y a une vingtaine d’années. De même, on voit apparaître les premiers véhicules urbains sans chauffeur de Google. La robotique, poussée par la révolution numérique, va donc transformer, d’ici cinquante ans, notre manière de nous déplacer et, de façon plus générale, tout notre rapport à notre environnement.
Il y a cinquante ans, Isaac Asimov avait imaginé le futur de la technologie sur ce même horizon de cinquante années. Il y formulait les Trois lois de la robotique, lois auxquelles tous les robots de ses fictions obéissent et qui ont fait école dans le domaine de la robotique : 1. Un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger ; 2. Un robot doit obéir aux ordres que lui donne un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la Première loi ; 3. Un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la Première ou la Deuxième loi. Aujourd’hui, nous sommes capables de concevoir des machines sophistiquées dotées d’une grande autonomie. Au Japon, les premiers robots dotés d’émotions ont été présentés il y a peu. De même, en juin 2014, pour la première fois, un robot capable de comprendre entre 70 et 80 % d’une conversation a été présenté au public. Nous voyons donc apparaître les premiers robots humanoïdes qu’avait imaginés Asimov : des robots autonomes et hybridés, capables de ressentir ce que nous ressentons.
L’hybridation entre l’homme et la technologie se renforce donc et il est certain qu’elle va s’accélérer encore au cours des cinquante années à venir. Nous sommes aujourd’hui capables, en laboratoire, de piloter un robot par la pensée. D’ici cinquante ans, ce sera une pratique courante. Nous sommes également en passe de nous hybrider nous-mêmes avec l’implantation sur ou dans notre propre corps d’équipements connectés, comme les Google Glasses ou des prothèses de hanches, par exemple, porteuses d’intelligence embarquée. La connectivité sera donc intrinsèque à l’existence humaine et les rapports de l’homme à son environnement et à lui-même en seront profondément modifiés.
L’ampleur de ces mutations à venir est telle que certains n’hésitent pas à annoncer un « transhumanisme » dans les décennies à venir. D’ici cinquante ans, aurons-nous réalisé les prédictions d’un Ray Kurzweil, gourou du transhumanisme aux États-Unis, fondateur de la Singularity University, et aujourd’hui directeur de l’ingénierie chez Google ? Pour Kurzweil, nous serons bientôt capables de télécharger le contenu de nos cerveaux, ce qui ouvre la possibilité de créer des cyborgs, tels que ceux qui ont été imaginés il y a cinquante ans par Marvel. Même si ce n’est pas le cas, il est clair que l’homme, d’ici cinquante ans, ne sera plus le même qu’aujourd’hui. De même qu’il n’est plus aujourd’hui ce qu’il était il y a cinquante ans : avec la capacité à être connecté à tout moment à l’ensemble de la planète, l’homme a trouvé l’Aleph qu’annonçait Borges, ce point de l’univers où tout est visible à tout instant.
Cette transformation de l’homme par l’homme est donc bel et bien une réalité, mais elle se trouve en même temps confrontée à sa capacité à relever les défis environnementaux et climatiques qui menacent sa survie. Au-delà de la question d’un potentiel transhumanisme, la véritable question qui se pose selon moi aujourd’hui, est de savoir si nous serons capables de ne pas nous détruire nous-mêmes. Cinquante ans, c’est un temps qui peut paraître long, mais c’est presque demain si l’on considère les dangers environnementaux qui nous menacent ! Dans certaines îles du Pacifique, les hommes ont déjà été contraints de quitter leurs terres avec la montée des eaux.
L’homme saura-t-il retrouver la sagesse da sa nature profonde pour vivre en harmonie, surmonter ses égos et pulsions destructrices vis-à-vis de ses propres congénères ? Le monde dans lequel vivront nos enfants et les enfants de nos enfants sera-t-il un monde à la hauteur du potentiel de l’intelligence humaine ? Un défi pour tous à relever aujourd’hui avant qu’il ne soit trop tard !
Establecer una prospectiva a cincuenta años es un ejercicio sumamente delicado. ¿Cómo determinar lo que serán nuestras vidas en 2064, en función de la sorprendente aceleración que ha experimentado el mundo en estos últimos cincuenta años? Solo basta con imaginarse la misma pregunta planteada cincuenta años atrás y comprobar las evoluciones entre 1964 y nuestro mundo en 2014. Sabiendo, además, que las transformaciones que experimentamos actualmente a escala planetaria se aceleran aun más debido a la dinámica provocada por los efectos conjugados del crecimiento demográfico, de la urbanización, de las nuevas tecnologías, de los conflictos geopolíticos y de la fragilidad de la vida humana en sí misma. Sin embargo, el desafío está planteado al aceptar esta invitación. He aquí, por lo tanto, el hilo conductor de mis pensamientos en torno a la temática de cognición, digital, robótica y de nuevas tecnologías.
¿HOLOCENO, ANTROPOCENO, MOLISMOCENO?
Retrocedamos unos 10 000 años, fecha en la cual se inicia el Holoceno (del griego holos: entero y kainos: reciente), período posterior a la última glaciación planetaria. A lo largo de este período, hemos visto al hombre convertirse en cazador, luego en agricultor; las grandes revoluciones industriales (el invento de la máquina a vapor, de la electricidad y, posteriormente, de la informática) han acelerado considerablemente los cambios que el hombre ha realizado en sí mismo y en su medioambiente a través de la historia. En este último siglo, la población mundial ha crecido de dos mil millones a más de siete mil millones de habitantes. En esta misma escala, la actividad humana ha producido una tasa de crecimiento de CO2 que, por primera vez, en 2013, ha superado el umbral de 400 ppm (parte por millón), arriesgando seriamente a la humanidad y comprometiendo su futuro.
Considero pertinente, en vista de esta fuerte aceleración de las mutaciones de nuestro mundo, interrogarse acerca de los trayectos de diferente naturaleza, relativos a las elecciones que el hombre debe realizar en la actualidad. A mi parecer, la verdadera pregunta es saber lo que haremos de las capacidades extraordinarias, casi ilimitadas, que adquiriremos a través de los avances en materia de informática, de las ciencias cognitivas y de la robótica.
De aquí a cincuenta años, ¿habremos ingresado definitivamente en la era antropocena (del griego anthropos, hombre)? Este término, popularizado por el ganador del Premio Nobel de química Paul Crutzen, abarca un nuevo período geológico que se iniciaría a fines del siglo XVIII con las revoluciones industriales y que se caracterizaría por una influencia predominante del hombre sobre el sistema terrestre. En la actualidad, sin embargo, este período no ha sido oficialmente reconocido y añadido a la escala internacional de tiempos geológicos. Podemos imaginarnos que, en vista de las considerables transformaciones que se anuncian, con la concomitancia de cuatro nuevas revoluciones científicas: la revolución informática, la revolución nanotecnológica, la revolución biosistémica y la revolución robótica-cognitiva, esta transformación se hará efectiva de aquí a los próximos cincuenta años.
A menos que, en cincuenta años, nos estemos encaminando hacia una nueva era planetaria, la era «cosmozóica» (para retomar el nombre inventado por el Prof. Maurice Fontaine de la Academia de Ciencias, que significa «vida en el espacio»). En efecto, es posible que la combinación de los avances tecnológicos y de las dificultades que tendremos que afrontar al vivir en un planeta severamente dañado y carente de recursos nos impulse a colonizar nuevos territorios en la Luna, en Marte o en exoplanetas.
Me resulta muy interesante la idea planteada por Maurice Fontaine que en el centro de este nuevo período por el que atraviesa la humanidad, nos encontremos en realidad en un período conocido como Molismoceno («era de la contaminación»). Esta idea se basa en el hecho de que los paleontólogos del futuro —si los hay— descubrirán en la Tierra muy pocos restos de seres humanos fosilizados, pero sí una enorme cantidad de desechos, lo que le ha valido el nombre de era «Basurera superior» propuesto por algunos geólogos y arqueólogos. Un término que nos permite poner de relieve un desafío aún más grande para la humanidad en los próximos cincuenta años: ¿Nuestro planeta tendrá la capacidad de albergarnos?
He tenido la ocasión de descubrir, gracias a uno de los grandes navegantes franceses, esta realidad que llamamos «sexto continente», esta gigantesca pila de desechos que se formó en el océano Pacífico entre California y Hawái. Semejante cúmulo, descubierto a fines de 1997, compuesto en un 90 % por plásticos generados por las actividades humanas y arrastrados por las corrientes marinas, abarcaba un volumen de 3,7 millones de kilómetros cuadradosy de 30 metros de profundidad. Esta triste realidad me ha convencido de que, en la actualidad, la contaminación no es solo un problema más que debemos abordar entre muchos otros. Es el desafío fundamental del porvenir de la humanidad. Y la verdadera pregunta que, en mi opinión, deberíamos plantear es la de saber si, de aquí a cincuenta años, el hombre habrá podido reconciliarse consigo mismo y con su medioambiente para poder iniciar un nuevo período de su historia.
HACIA LA ERA DEL CONOCIMIENTO, A TRAVÉS DE LA EMPATÍA
A lo largo de los últimos cien años, la humanidad se ha apropiado de las tecnologías que transformaron las relaciones entre los seres humanos, con el planeta y con el futuro. En la actualidad, nos enfrentamos a una ruptura tecnológica cuya amplitud trasciende todo lo que hemos podido conocer en el pasado. A lo largo de las revoluciones pasadas, el hombre realizó descubrimientos y aprendió a dominar los elementos (la piedra, el cobre, el bronce, el hierro, la electricidad, el vapor, el silicio). Con el dominio del silicio y el auge de una dinámica del conocimiento transdisciplinario que hemos adquirido, son cuatro revoluciones tecnológicas simultáneas las que hemos visto nacer a fines del siglo XX y principios del siglo XXI: la informática, con el uso de toda la potencia del silicio y de la Internet; la biosistémica, con la comprensión del ADN y la decodificación genética; la de las nanotecnologías, con los nuevos materiales y procesos subatómicos, y la robótica cognitiva, con la hibridación de nuestra mente y las inteligencias artificiales mecatrónicas. Estas revoluciones engendrarán, sin lugar a dudas, profundas transformaciones en las relaciones del hombre con el hombre, con el planeta Tierra y con el espacio. Las premisas del cambio ya están dadas y es la revolución informática la que hoy nos parece la más visible. En los años venideros, esta transformación no hará más que acentuarse debido a la convergencia de estas cuatro revoluciones que afectarán a toda la humanidad.
El desafío que representarán estos años venideros, en mi opinión, consistirá en definir si, fortalecidos con el aporte de estas revoluciones tecnológicas, estaremos en condiciones de transformarnos nosotros mismos y de alcanzar la era del conocimiento, que se caracterizaría por el respeto de la naturaleza, de la Tierra y del espacio. ¿Podremos dejar atrás el estilo «Basurero superior»? ¿Alcanzaremos finalmente la noósfera, término creado por Teilhard de Chardin en los años 1930, también conocido como «esfera del pensamiento humano»? Para ello, es necesario desarrollar, a nivel de toda la humanidad y con el respaldo de las revoluciones tecnológicas, una conciencia colectiva, una maduración que pueda alcanzar formas de organización más humanas y más respetuosas del medioambiente.
La noósfera, en la era de la Internet, tal como lo afirma Nicolas Curien de la Academia de Tecnologías, ¿no sería esta conciencia colectiva global, extensión de la conciencia de sí mismo, que las tecnologías informáticas hicieron posible? Aparentemente, se trata de un terreno al que debemos acceder para poder sobrevivir. El desafío más importante, en los próximos cincuenta años, es entablar todo tipo de relaciones con el Otro, desarrollando una empatía planetaria. Me viene a la mente el eslogan de la artista estadounidense Barbara Kruger: «La empatía puede cambiar el mundo», intencionalmente exhibido en la estación central de Estrasburgo. El autor Philip K. Dick, en su novela ¿Los androides sueñan con ovejas eléctricas? abordaba la empatía como la única cualidad que permite diferenciar a los androides de los seres humanos. Asimismo, en la película Blade Runner, conocida en algunos países como El cazador implacable, el autor hace uso de un test psicológico que revela la ausencia de empatía y que permite diferenciar lo artificial de lo natural.
De aquí a cincuenta años, quizás habremos logrado dilucidar la función de las neuronas generadoras de empatía, las neuronas espejo o las neuronas empáticas, en el cerebro humano. En California, el Prof. Ramachandran estudia actualmente el funcionamiento de estas neuronas tan particulares. Apodado el «Marco Polo de las neurociencias», forma parte de las cien personalidades ejemplares del siglo XXI, de acuerdo con Time Magazine.
¿QUÉ MUTACIONES DEBERÁ ENFRENTAR EL HOMBRE DE AQUÍ A 50 AÑOS?
¿Qué impactos tendrán, por consiguiente, las revoluciones tecnológicas durante la implementación de este contagio emocional hacia la empatía y la creación de una conciencia colectiva global?
En la siguiente etapa, tras el fin de la era del silicio, comenzará el dominio del grafeno. Esto nos permitirá, por ejemplo, manipular la luz en sí misma. Las potencialidades del grafeno son, de hecho, tan importantes (ya sea que se trate de su conductividad, de su resistencia, de su flexibilidad o de su bidimensionalidad que lo vuelve extremadamente liviano) que debería transformar muy rápido nuestra relación con el mundo. Por ello, el Premio Nobel de física 2010 fue otorgado, en reconocimiento por sus trabajos revolucionarios sobre el grafeno, a dos investigadores británicos, y el primer coloquio mundial sobre este tema se realizó en Toulouse en mayo de 2014.
Asimismo, conoceremos la revolución del ADN, dado que en la actualidad ya sabemos elaborar un ADN. En efecto, un instituto de investigación europeo y una universidad estadounidense lograron crear, al mismo tiempo, un ADN artificial en el cual almacenaron datos que posteriormente pudieron recuperar. Esta operación en uno de los dos laboratorios se realizó sin errores en la restitución de los datos. Si en la actualidad somos capaces de leer y de escribir en un ADN, quiere decir que, en cincuenta años, podremos utilizar el ADN como respaldo de información. Y, por lo tanto, que podremos almacenar, a costos razonables, en un material más fino que un cabello, una cantidad de información verdaderamente enorme.
Estas potencialidades, conjugadas al dominio de las nanotecnologías (nanocaptores, nanorobots, etc.), nos permitirán además captar información relativa al campo de la física y de la química, no solo en el medioambiente que rodea al hombre, sino también dentro del cuerpo humano, medio que estaremos en perfectas condiciones de explorar. En todo caso, está claro que, en los próximos cincuenta años, seremos testigos de una revolución no solo en el ámbito de la medicina, sino de todo lo que atañe al cuerpo humano.
Por último, la robótica, disciplina que nació hace cincuenta años, experimenta en la actualidad avances sin precedentes. Vemos, por ejemplo, que el uso de drones se está generalizando en el mundo civil, cuando los primeros programas de investigación sobre drones destinados al ámbito militar aparecieron hace unos veinte años. Asimismo, vemos aparecer los primeros vehículos urbanos sin chofer de Google. La robótica, impulsada por la revolución informática, transformará, de aquí a cincuenta años, nuestra forma de desplazarnos y, en términos generales, nuestra relación con el medioambiente que nos rodea.
Hace cincuenta años, Isaac Asimov imaginó el futuro de la tecnología basado en este mismo período de cincuenta años. Formuló las Tres leyes de la robótica, leyes a las cuales obedecen todos los robots de sus ficciones y que han hecho escuela en el ámbito de la robótica: 1. Un robot no puede hacer daño a un ser humano, ni permitir, permaneciendo imperturbable, que un ser humano quede expuesto a algún tipo de riesgo; 2. Un robot debe obedecer las órdenes impartidas por un ser humano, a menos que estas órdenes entren en conflicto con la ley número 1; 3. Un robot debe proteger su propia existencia, siempre y cuando esta protección no entre en conflicto con la ley número 1 o número 2. En la actualidad, somos capaces de concebir máquinas sofisticadas de gran autonomía. En Japón, se presentaron recientemente los primeros robots dotados de emociones. Asimismo, en junio de 2014, se presentó por primera vez ante el público, un robot capaz de comprender entre el 70 % y el 80 % de una conversación. Por lo tanto, vemos aparecer los primeros robots humanoides, tal como Asimov los había imaginado: robots autónomos e híbridos, capaces de sentir lo que los humanos sentimos.
En consecuencia, la hibridación entre el hombre y la tecnología se fortalece y no cabe duda de que se acelerará aun más en el transcurso de los próximos cincuenta años. Hoy en día, en laboratorio, somos capaces de manejar un robot con el pensamiento. De aquí a cincuenta años, esta será una práctica común y corriente. Asimismo, estamos próximos a hibridarnos nosotros mismos con la implantación en o dentro de nuestro propio organismo de equipos conectados, como los Google Glasses o las prótesis de cadera, por ejemplo, portadoras de inteligencia incorporada. Por lo tanto, la conectividad será intrínseca a la existencia humana y presenciaremos un profundo cambio en las relaciones del hombre con su entorno y consigo mismo.
La amplitud de estas futuras mutaciones es tal que muchos no vacilan en anunciar un «transhumanismo» en los próximos decenios. De aquí a cincuenta años, ¿se habrán realizado las predicciones de Ray Kurzweil, gurú del transhumanismo en los Estados Unidos, fundador de la Universidad de la Singularidad, y hoy director del departamento técnico de Google? Para Kurzweil, muy pronto seremos capaces de cargar el contenido de nuestras mentes, lo que abre una puerta para la creación de cyborgs, tal como Marvel los imaginó hace cincuenta años. Aunque este no sea el caso, está claro que el hombre, de aquí a cincuenta años, no será el mismo que en la actualidad. De hecho, el hombre no es hoy el que era cincuenta años atrás: con la capacidad de conectarse en todo momento a cualquier parte del planeta, el hombre encontró el Aleph que Borges anunciaba, ese punto del universo donde todo es visible en todo momento.
Esta transformación del hombre por el hombre se ha convertido, por lo tanto, en una realidad, pero a su vez debe enfrentarse a su capacidad de resolver los desafíos medioambientales y climáticos que amenazan su supervivencia. Más allá de la cuestión de un transhumanismo potencial, el verdadero planteo que debemos hacernos hoy, en mi opinión, es el de saber si seremos capaces de no destruirnos a nosotros mismos. ¡Cincuenta años pueden parecer muy largos, pero resultan muy cortos si consideramos los riesgos medioambientales que nos amenazan! En determinadas islas del océano Pacífico, los hombres ya han tenido que abandonar sus tierras por la subida de las aguas.
¿Podrá la humanidad encontrar la sabiduría de su profunda naturaleza para vivir en armonía, y superar sus egos y pulsiones destructivas respecto de sus propios congéneres? El mundo en el cual vivirán nuestros hijos y los hijos de nuestros hijos, ¿será un mundo a la altura del potencial de la inteligencia humana? ¡Este es un desafío que debemos plantearnos todos hoy, antes de que sea demasiado tarde!
It’s obviously very difficult to know exactly what the world will be like in fifty years’ time. Given the remarkable speed with which the world has changed over the last fifty years, is it possible to know what people’s lives will be like in 2064? Just imagine asking the same question fifty years ago: look at everything that changed between 1964 and 2014! In fact, the transformations we are experiencing on a global scale are now happening at an even greater speed due to the momentum generated by the combined effects of demographic growth, urbanisation, new technologies, geopolitical conflicts and the fragility of human life itself. This challenge is a reality and it’s up to us to meet it. Below, I’ve sketched out my thoughts on cognition, digital advances, robotics and new technologies.
HOLOCENE, ANTHROPOCENE OR MOLYSMOCENE?
Let’s go back 10,000 years to the start of the Holocene era (from the Greek holos “whole” and kainos “recent”), the period following the last planetary ice age. During this period, man began hunting, then farming; the great industrial revolutions – the invention of the steam engine, electricity, then computers – spurred the transformation that man has wrought, both on himself and his environment, over the course of history. The world’s population has increased from two billion to more than seven billion over the last century. On the same scale, human activity has led to an increase in carbon dioxide emissions which, for the first time in 2013, exceeded 400 ppm (parts per million), putting humanity in serious danger and placing a question mark over our future.
Given that the world is changing so fast, I think it’s worthwhile considering a number of different trajectories corresponding to the choices mankind needs to make today. The key question we need to ask ourselves, I believe, is how we are going to use the extraordinary and almost unlimited capacities arising from future advances in digital technology, the cognitive sciences and robotics.
Within the next fifty years, will we permanently enter the Anthropoceneera(from Greek anthropos “man”)? This term, made popular by the Nobel Prize-winning chemist, Paul Crutzen, refers to the influence of human behaviour on the Earth’s atmosphere since the end of the 18th century and the start of the industrial revolutions, which constitutes a new geological epoch. This term has yet to be officially recognised and added to the international standard scale for geological time. It is feasible that, within fifty years, this will be our reality, in view of the major transformations ahead, and the conjunction of four new scientific revolutions – the digital, nanotechnological, bio-systemic and robotic-cognitive revolutions.
Unless, that is, in fifty years, we move towards a new planetary era – the “cosmozoic” era (to use the name invented by Professor Maurice Fontaine of the French Académie des Sciences, which means “life in space”). It is possible that technological advances, combined with the difficulties we are going face living on a severely damaged planet, with a shortage of resources, will lead to the colonisation of new territories on the moon, Mars and exoplanets.
Another of Fontaine’s ideas I find interesting is that, within this new period that humanity is entering, we could actually already be in the Molysmocene era, that is, “the age of pollution”. This is based on the idea that the palaeontologists of the future, if there are any, will discover on Earth very few fossilised human remains but a lot of waste, which has given rise to the expression “Waste Man” put forward by some geologists and archaeologists. This pithy turn of phrase highlights one of the major challenges facing humanity over the next fifty years. Will our planet continue to be able to accommodate us?
I had the opportunity to discover, thanks to one of France’s greatest navigators, the “Sixth Continent”, a gigantic of waste mass which has formed in the Pacific between California and Hawaii. Discovered at the end of 1997, this mass, 90% of which is composed of plastic produced by human activity, carried along by sea currents, covers around 3.7 million square kilometres to a depth of thirty metres. This sad reality has convinced me that pollution is more than one problem among others. It is the crucial challenge facing humanity. And the real question that I think we should be asking ourselves is if, in 2064, mankind will be able to live in harmony with itself and its environment and will have begun a new period in its history.
ENTERING THE AGE OF KNOWLEDGE THROUGH EMPATHY
Over the last century, humanity has developed technologies that have transformed the relationships between human beings, and their relationship with the Earth and the future. Today, we are on the verge of a technological breakthrough, the scale of which will go far beyond what we have experienced up until now. During previous revolutions, mankind has discovered and learned how to master an element, be it stone, copper, bronze, iron, electricity, steam or silicon. Alongside the mastery of silicon and the growing momentum generated by our transdisciplinary knowledge, we have seen the emergence of four simultaneous technological revolutions at the end of the 20th century and the beginning of the 21st century: the digital revolution, based on the power of embedded silicon and the Internet of Everything; bio-systemics, with advances in our knowledge of DNA and genetic decoding; nanotechnologies and new subatomic materials and procedures; and cognitive robotics, with the hybridisation of our brains through mechatronic artificial intelligence. Without a shadow of a doubt, these revolutions will completely transform our relationships with each other, with the Earth and space. This change has already begun, and the digital revolution is the most visible example of it. This momentum is set to pick up speed in the future, as these four revolutions converge, affecting the whole of humanity.
By building on these technological revolutions, I believe that the major challenge in the coming years will therefore be to transform ourselves and to enter the era of knowledge – an era characterised by respect for nature, the Earth and space. Will we manage to leave behind our current role as “Waste Man”? Will we finally reach the noosphere, a term invented by Teilhard de Chardin in the 1930s to denote the “sphere of human thought”? To achieve this, and supported by these technological revolutions, the whole of humanity needs to develop a collective awareness and maturity that would lead to more human forms of organisation, and more respectful of the environment.
Could the noosphere, in the age of the Internet, as Nicolas Curien from the French Académie des Technologies suggests, be this global collective awareness – the extension of the self-awareness made possible by digital technologies? It appears that we need to reach this stage in order to survive. The biggest challenge, over the next fifty years, will be to develop a different kind of relationship with “the other” by developing planetary empathy. I’m thinking here of the slogan of the American artist Barbara Kruger – “Empathy can change the world” – which is displayed in the central station in Strasbourg. In Philip K. Dick’s novel Do Androids Dream of Electric Sheep?, the ability to feel empathy is the only quality that sets man apart from androids, just as in the film Blade Runner, they use a psychology test to reveal the absence of empathy to distinguish the artificial from the natural.
Within fifty years, we will have perhaps managed to reveal the role, in the human brain, of the neurones responsible for empathy – mirror neurones or empathetic neurones. In California, Professor Ramachandran is currently studying the way in which these particular neurones function. Nicknamed the “Marco Polo of neuroscience”, he is one of the “hundred most prominent people to watch” in the 21st century, according to Newsweek.
WHAT WILL CHANGE FOR PEOPLE IN FIFTY YEARS’ TIME?
That being the case, what impact will today’s technological revolutions have on the development of this emotional contagion, via empathy, and the creation of a global collective awareness?
The next stage, after the mastery of silicon, will be the mastery of graphene. This will enable us to manipulate light itself, for example. The potential qualities of graphene (conductivity, resistance, flexibility and bi-dimensionality, which makes it extremely light) are such that it is likely to drastically change our relationship with the world within a very short space of time. The 2010 Nobel Prize for Physics was awarded to the revolutionary work on graphene by two British researchers, and the first world conference on the topic was held in Toulouse in May 2014.
At the same, there will also be a DNA revolution, since we already know how to produce DNA. A European research institute and an American university have, simultaneously, successfully created artificial DNA in which they stored data, which they were then able to retrieve. The operation, in one of the two laboratories, was performed without any data errors during retrieval. Given that we are already able to read and write in DNA, within fifty years, we will be able to use DNA as an information medium. This will enable us to store, at a reasonable cost, an absolutely huge amount of information, in a material that’s finer than a human hair.
This potential, combined with a mastery of nanotechnologies (nanosensors, nanorobots, etc.) will also enable us to capture physicochemical information, not only in the environment around us, but also inside the human body, which we will be able to explore in much greater detail. It is clear, in any case, that medicine and our approach to the human body will be revolutionised over the next fifty years.
Lastly, significant progress is currently being made in the field of robotics, a discipline that emerged fifty years ago. The civilian use of drones is becoming increasingly widespread, for example, despite the fact that the first research programmes on drones for military use only appeared about twenty years ago. Google has also designed the first urban driverless vehicles. Robotics, driven by the digital revolution, are therefore going to transform, over the next fifty years, our way of travelling around and, more generally, our whole relationship with our environment.
Fifty years ago, Isaac Asimov imagined the future of technology within the same timeframe. He came up with the Three Laws of Robotics which all of the robots in his novels obey and which have gained widespread acceptance in the field of robotics: 1. A robot may not injure a human being or, through inaction, allow a human being to come to harm; 2. A robot must obey the orders given to it by human beings, except where such orders would conflict with the First Law; 3. A robot must protect its own existence as long as such protection does not conflict with the First or Second Law. We already have the ability to design sophisticated machines with a high level of autonomy. The first robots with emotions were recently unveiled in Japan. In June 2014, for the first time, a robot capable of understanding between 70% and 80% of a conversation was made public. Autonomous, hybridised and capable of feeling what we feel, these are the first humanoid robots, as imagined by Asimov.
The hybridisation between man and technology is well under way and will definitely pick up speed over the next fifty years. We are now capable, in laboratories, of controlling a robot with our thoughts. Within fifty years, this will be common practice. We are also hybridising ourselves by implanting on or in our own bodies connected equipment, such as Google Glasses, or hip prostheses, which are equipped with embedded intelligence. Connectivity will therefore be intrinsic to human existence, and the relationship between people and their environment, and other people, will be radically changed.
The scale of these future changes is such that some people are predicting the birth of “transhumanism” in the decades to come. Fifty years from now, will the predictions of Ray Kurweil, the guru of transhumanism in the United States, founder of the Singularity University, and now the director of engineering at Google, have come true? According to Kurzweil, we will soon be able to download the content of our brains, which opens up the possibility of creating cyborgs, like the ones imagined fifty years ago by Marvel. Even if this is not the case, it is clear that people, in fifty years’ time, will no longer be the same as they are today, just as man is no longer the same as he was fifty years ago: we have the ability to be connected at all times to every part of the planet; man has found the Aleph described by Borges – the point in the universe where everything is visible at all times.
The transformation of man by man is therefore a reality, but will depend on its ability to rise to the environmental and climatic challenges that threaten its survival. Beyond the issue of potential transhumanism, the real question we need to ask ourselves today is whether we are capable of not destroying ourselves. Fifty years may seem a long time, but it’s a blink of an eye when considered in terms of the environmental dangers which threaten our existence! People on some islands in the Pacific Ocean are already being forced to leave their land because of the rise in water levels.
Will man rediscover the wisdom of his true nature and live in harmony by overcoming his ego and his destructive impulses towards his fellow creatures? Will the world inhabited by our children and their children live up to the potential of human intelligence? All of us need to rise to this challenge before it’s too late.
[…] Ce mercredi est l’occasion de découvrir en ligne un article rédigé par le Pr. Carlos Moreno pour la revue du Centre d’Étude et de Prospective Stratégique (CEPS) sur le thème …Établir une prospective à cinquante ans est bien évidemment un exercice délicat. Comment définir ce que seront nos vies en 2064, compte tenu de la remarquable accélération qu’a connu le monde ces cinquante dernières années ? Il suffit d’imaginer la même question posée il y a cinquante ans et constater les évolutions entre 1964 et notre monde en 2014 ! Sachant que par ailleurs, les transformations que nous connaissons aujourd’hui à l’échelle planétaire s’accélèrent encore du fait de la dynamique engendrée par les effets conjugués de la croissance démographique, de l’urbanisation, des nouvelles technologies, des conflits géopolitiques et de la fragilité de la vie humaine elle-même. Mais, le pari est pris en acceptant cette invitation. Voici donc le fil conducteur de mes pensées autour de la thématique cognition, numérique, robotique, nouvelles technologies. […]