1. La révolution numérique bouleverse nos vies au quotidien depuis l’avènement de la première génération des ordinateurs personnels, il y a maintenant 30 ans. Grâce à l’arrivée des réseaux informatiques, le numérique a rapidement quitté son carcan de spécialiste pour se mettre à la portée de tout possesseur d’un ordinateur individuel connecté. Internet, ce vaste réseau maillé planétaire, est ensuite venu donner à chacun – n’importe où dans le monde – une nouvelle dimension par l’usage, grâce au WEB, qui est devenu une référence collective, avec les grands succès que l’on sait.
L’arrivée des réseaux sociaux transforme encore cette notion d’usage pour chacun, en faisant des réseaux numériques une source d’intelligence informationnelle d’abord individuelle, mais qui s’est très vite révélée être également un puissant creuset d’intelligence collective – dotée d’une ubiquité sans limites, à la fois dans le temps et dans l’espace. Comme le dit Michel Serres, la métrique du voisinage disparaît dans le monde nouveau dessiné par le numérique, puisqu’il met, à tout moment et dans tout lieu, l’information collective et un certain niveau de culture entre nos mains.
C’est la révolution de la « dévirtualisation », car nous assistons finalement à une hybridation entre monde physique et monde numérique, du fait d’un nouvel usage massif, celui de l’internet connecté aux monde des objets ou Internet des Objets (IoT) – d’où une profonde transformation, et je pèse mes mots, du monde réel par le monde virtuel.
Mais cette transformation ne serait qu’une chimère technocratique, nourrissant la geekosphère et tous les lieux de sublimation technologique par la technologie, si son véritable moteur n’était pas, en réalité, celui de la transformation par l’usage, de la fonction qui fait évoluer et améliore nos vies, notamment en créant en permanence et en tous lieux du lien social, qui décloisonne et tisse ensuite dans la vraie vie de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes, les administrés et les citoyens, les structures institutionnelles établies et celles, diffuses, informelles, déstructurées de la multitude numérique – faisant ainsi de la vie connectée un vrai lieu, un vrai moment de changement et de transformation.
Elle ne touche pas uniquement la pratique geekosphérique, qui même intense, peut rester – et l’est souvent – sans contact avec la vraie vie. La vraie vie, c’est celle des hommes et des femmes, par essence fragile, impermanente, passagère, façonnée au quotidien par son environnement et traversée par ces deux grands vecteurs que sont la nécessité et le hasard. Nécessité et hasard sont en effet deux propriétés intrinsèques et invariantes de notre vie humaine, qui recouvrent par définition l’axiomatique de la complexité et de la transversalité – le complexus dans son sens latin – elles font de notre existence une histoire à tisser ensemble, mais aussi un chemin qu’il revient à chacun de découvrir.
2. En ces temps agités, voire troublés, revenir aux sources, et en particulier celles du numérique,ne peut pas faire de mal… C’est pourquoi je parlerais ici de l’homme qui, à partir d’une expérience de pensée et d’une expérience d’usage fondatrices, a apporté à l’humanité une contribution révolutionnaire : la machine universelle, l’ordinateur qu’il a imaginé. Nous avons en effet célébré l’année dernière le 100ème anniversaire de la naissance du grand Alan Turing, inventeur de la Machine de Turing, au cours de l’Alan Turing Year (ATY). Il vaut d’ailleurs mieux célébrer sa naissance que sa mort ! Alan Turing s’est en effet donné la mort à 42 ans, s’empoisonnant au cyanure avec une pomme (en un bel hommage à Newton… et dont Apple également s’est inspiré !) pour échapper à la vindicte honteuse qui lui était imposée par l’Angleterre pour le punir de son homosexualité. Quel gâchis pour cet homme exceptionnellement brillant ! La communauté scientifique s’est mobilisée, en particulier pendant l’AYT en 2012, pour que pardon lui soit demandé.
Turing a démontré que sa machine universelle serait capable de résoudre n’importe quel problème, pourvu que celui-ci soit exprimé au travers d’algorithmes, dans un langage symbolique approprié exécutant des instructions et des séquences de calcul et imitant des tâches pour les mener à bien.
Il a également fait un apport « incalculable » – et là aussi, je pèse mes mots – à l’Europe, aux alliés, à l’humanité, en termes de valeurs humaines et démocratiques, car il a créé la machine, le premier ordinateur, ENIGMA, qui a servi à décoder les messages de l’armée nazie au cours de la seconde Guerre mondiale, contribuant ainsi de façon déterminante à la lutte contre le fascisme. Je vous invite d’ailleurs, ami lecteur, si vous passez par Paris, à aller voir cette machine au Musée des Lettres et des Manuscrits et à vous incliner devant elle avec respect, si je peux me permettre, pour saluer la mémoire de cet immense scientifique et homme engagé.
Cette idée est elle aussi fondatrice, car elle intéresse tous ceux qui étudient, comme moi-même, les problématiques non déterministes. Elle signifie que les informations et la vision que nous avons de ce type de problèmes ne sont pas globalisantes et qu’analytiquement, même en fournissant le meilleur de nos efforts, nous ne viendrons pas à bout de manière totalisante de ces problématiques, car elles ne sont pas algorithmiquement compressibles. Nous ne pourrons atteindre, au mieux, que des vues partielles, approchantes.
Alan Turing a en outre posé les bases de ce que l’on appelle les réseaux de neurones. ll s’est intéressé à cette approche dite de morphogenèse, où la combinaison de modèles tenant compte des aléas peut produire des effets de changements considérables à l’intérieur de structures reliées entre elles, chacune obéissant à des propres règles et lois.
3. Les apports fondamentaux de la révolution numérique doivent ainsi être intégrés dans une vision du monde plus vaste, qui prend en compte des usages et services évoluant sans cesse – un monde, on l’a vu, tiré par la nécessité et le hasard, qui demeure, par définition, imprévisible dans sa globalité.
La science de la complexité dépasse le déterminisme calculatoire en transformant la manière d’aborder ces sujets. Sa pertinence est d’autant plus manifeste quand il s’agit d’appréhender nos vies dans les villes au quotidien. Un système complexe – et chaque ville en est un – est un système constitué de plusieurs composants, de sous-systèmes en interaction mutuelle, dynamique et permanente, situés dans des contextes précis. Prenons l’exemple d’un objet comme le vélo de course, qui n’est rien d’autre qu’une multiplicité de combinaisons et d’interactions de roues et de leviers – composants simples qui ont été inventés par l’homme depuis la nuit des temps, pour reprendre l’exemple de John Gribbin de Cambridge.
Le but de notre recherche est de comprendre leur potentiel, mais en allant plus loin, en dépassant chacun de ces éléments pour concevoir quelque chose de nouveau en les reliant différemment : un nouvel usage, une nouvelle fonction qui devient à son tour un autre objet, une nouvelle entité avec ses propres règles, sa propre vie – bref un système tout autre qui n’est ni la roue ni le levier, mais, par exemple, le vélo de course… C’est ainsi que le tout devient plus important que la somme des parties au coeur de cette complexité qu’ Edgar Morin a si bien conceptualisée.
Pour comprendre la réalité profonde de phénomènes de notre vie courante aussi variés que les tremblements de terre, les mouvements de populations, les fluctuations boursières, les approvisionnements énergétiques, la gestion des flux en matières premières, le transport et la circulation, etc. il est ainsi nécessaire d’étudier et de comprendre les interactions, interconnexions et réseaux entre les diverses entités. Leur configuration, reconfiguration, topologie, dynamique, temporalité sont l’expression de leurs comportements dans la vie de tous les jours. Elles donnent lieu à des nouvelles expressions, à de nouveaux comportements – ce que nous autres scientifiques appelons aussi l’émergence. Comprendre ce phénomène est essentiel pour développer de nouvelles solutions, elles-mêmes adaptatives, capables de se reconfigurer avec un moindre effort pour un maximum d’efficacité.
Les ontologies comme expression de la connaissance, la taxinomie comme démarche de décomposition, la sémantique associée aux différents constituants, la mise en valeur des conditions, des contraintes et de la dynamique d’interaction permettent de construire une autre manière de s’approcher de la compréhension d’un système. Même partielle, cette approche systémique itérative, incrémentale et capacitaire est particulièrement pertinente pour appréhender la complexité, comme celle de la ville par exemple. Dans une ville, il existe en effet une multiplicité de besoins, d’usages, de services, de flux : l’alimentation, l’habitat, l’environnement, l’éducation, la culture, les transports, la santé, la sécurité, l’énergie, les déchets, la communication etc. Les modéliser, les analyser, les comprendre dans une dynamique transverse conduit à une autre manière de concevoir des solutions pour la ville. C’est la démarche que nous proposons, une démarche de transformation et d’action où le numérique joue un rôle majeur.
La pensée créatrice est guidée par l’émergence d’un autre usage ou d’une autre fonction – la compréhension des interactions entre des systèmes interdépendants permettant d’inventer ou de réinventer des usages et services nouveaux pour transformer la vie réelle.
La création de ces nouveaux usages passe par la mise en œuvre des plateformes de services, formidables outils à l’interface des mondes physique, numérique et social, qui permettent de mutualiser les informations et ce faisant de repenser en les incarnant de nouvelles fonctionnalités.
Sur ce sujet je vous invite à lire la suite de mes réflexions dans l’article Plaidoyer pour que le numérique transforme (vraiment) nos vies qui sera publié mardi prochain.
Revolución digital y ciencia de la complejidad – Homenaje a Alan Turing (1/2)
1. La revolución digital transforma nuestra vida cotidiana desde la llegada de la primera generación de ordenadores personales, hace ahora 30 años. Con la llegada de las redes, el mundo digital se ha liberado de sus trabas técnicas para ponerse al alcance de cualquier usuario de ordenador personal conectado.
Luego llegó Internet, esta inmensa red mallada planetaria, ofreciendo a cada uno un horizonte más amplio en cualquier parte del mundo, gracias a la utilización de la Web, que se ha convertido en una referencia colectiva y goza de una aceptación que todos conocemos. Esta noción de uso para cada uno se ve de nuevo transformada por la aparición de las redes sociales, que convierten las redes digitales en una fuente de inteligencia informativa, primero individual y que pronto resultó ser también un formidable crisol de inteligencia colectiva sin límites de ubicuidad, tanto en el tiempo como en el espacio. Como dice Michel Serres, el espacio inherente al vecindario desaparece en el nuevo mundo que dibuja la tecnología digital, ya que ésta nos proporciona en todo momento y en cualquier lugar la información colectiva y un cierto nivel de cultura.
Se trata de la revolución de la “desvirtualización”, pues lo que estamos presenciando es una hibridación entre el mundo físico y el mundo digital, debido a un uso masivo nuevo, el de Internet conectado al mundo de los objetos o Internet de los Objetos (IoT), lo que tiene como consecuencia, y mido mis palabras, una profunda transformación del mundo real por el mundo virtual.
Sin embargo, esta transformación sería una mera quimera tecnocrática que cebaría con tecnología la geekósfera y todos los lugares de sublimación tecnológica, si su auténtico motor no fuera realmente el de la transformación por el uso, el de la función que hace que nuestras vidas evolucionen y mejoren, creando en todo momento y en cualquier lugar una buena dosis de vínculo social, que descompartimenta para luego tejer en la vida real nuevas relaciones entre los hombres y las mujeres, los administrados y los ciudadanos, las estructuras institucionales formales y los sistemas difusos, informales y desestructurados de la multitud digital, transformando de este modo la vida conectada en un auténtico lugar, un verdadero momento de cambio y transformación.
No atañe solo a la práctica geekosférica que, si bien intensa, puede quedar y a menudo queda incomunicada con la vida real. La verdadera vida, es la de los hombres y las mujeres, frágil por esencia, impermanente, pasajera, modelada a diario por su entorno y sometida a estas dos grandes fuerzas que son la necesidad y el azar. Efectivamente, necesidad y azar son dos propiedades intrínsecas e invariables de nuestra vida humana, que por definición cubren la axiomática de la complejidad y la transversalidad —el complexus en su sentido latino; hacen de nuestra existencia una historia que tenemos que tejer juntos, y también un camino que a cada uno le toca descubrir.
2. En estos tiempos agitados, por no decir revueltos, volver a los orígenes, y especialmente a los del mundo digital, no puede ser malo… Por ello hablaré aquí del hombre que, a partir de una experiencia de pensamiento y una experiencia de uso fundacionales, dejó a la humanidad una contribución revolucionaria: la máquina universal, el ordenador que inventó. Y es que, el año pasado, con el Alan Turing Year (ATY), celebramos los 100 años del nacimiento del gran Alan Turing, inventor de la Máquina de Turing. Naturalmente, más vale celebrar su nacimiento antes que su muerte, ya que Alan Turing se quitó la vida a los 42 años, tomando cianuro con una manzana (un bonito homenaje a Newton… ¡en el que también se inspiró Apple!) para evitar la vergonzosa venganza urdida por Inglaterra para castigarle por su homosexualidad. ¡Qué lástima la pérdida de este hombre tan extraordinariamente brillante! La comunidad científica se ha movilizado, y se movilizó especialmente con ocasión del ATY, en 2012, para su desagravio.
Turing demostró que su máquina universal sería capaz de resolver cualquier problema, siempre que éste se planteara mediante algoritmos, en un lenguaje simbólico adecuado que siguiera unas instrucciones y unas secuencias de cálculo y limitara las tareas a fin de llevarlas a cabo.
En cuanto a valores humanos y democráticos, su legado a Europa, los aliados y la humanidad es también incalculable, y aquí también mido mis palabras, pues creó ENIGMA, la máquina, el primer ordenador, que sirvió para descodificar los mensajes del ejército nazi durante la Segunda Guerra Mundial, contribuyendo así de forma determinante a la lucha contra el fascismo. Si pasan por París, amigos lectores, les invito a visitar el Museo de Cartas y Manuscritos para ver esta máquina e inclinarse ante ella con respeto a fin de saludar la memoria de este grandísimo científico y hombre comprometido.
Esta idea es igualmente fundacional, porque interesa a todos los que, como yo, estudian las problemáticas no deterministas. Significa que la información y la visión que tenemos acerca de este tipo de problemas no son globalizantes y que, aun con el mayor esfuerzo, no conseguiremos resolver analíticamente estas problemáticas de forma totalizante, porque no son algorítmicamente comprimibles. En el mejor de los casos, solo podremos lograr vistas parciales y aproximadas.
Además Alan Turing sentó las bases de lo que se conoce como las redes de neuronas. Se interesó por una aproximación llamada morfogenética, en la que la combinación de modelos que tienen en cuenta las contingencias puede generar unos cambios considerables dentro de estructuras interconectadas, al obedecer cada una a sus propias reglas y leyes.
3. Las aportaciones fundamentales de la revolución digital han de integrarse en una visión más amplia del mundo, que tenga en cuenta unos usos y servicios en constante evolución; un mundo, como hemos visto, regido por la necesidad y el azar, que por definición permanece imprevisible en su globalidad.
La ciencia de la complejidad supera el determinismo calculatorio, transformando la forma de abordar estos temas. Su pertinencia resulta tanto más evidente cuando se trata de aprehender nuestra vida cotidiana en las ciudades. Un sistema complejo —y cada ciudad constituye uno— es un sistema formado por diferentes componentes, subsistemas en interacción mutua, dinámica y permanente, situados en contextos bien determinados. Tomemos por ejemplo un objeto como la bicicleta de carreras, que no es sino una multiplicidad de combinaciones e interacciones de ruedas y palancas, unos componentes sencillos que fueron inventados por el hombre hace una eternidad (el ejemplo que utilizo aquí es el de John Gribbin, de Cambridge).
El objetivo de nuestra investigación consiste en comprender su potencial, pero yendo más lejos, superando cada uno de estos elementos para diseñar algo nuevo a base de relacionarlos de forma diferente: un nuevo uso, una nueva función que se convierta a su vez en otro objeto, un nuevo ente con sus propias reglas, su propia vida, en una palabra, un sistema distinto que no es ni la rueda ni la palanca, sino por ejemplo, una bicicleta de carreras… De este modo, dentro de esta complejidad que Edgar Morin supo conceptualizar con tanto acierto, el todo resulta más importante que la suma de las partes.
Para comprender la realidad profunda de los fenómenos de nuestra vida diaria, ya se trate de terremotos, movimientos migratorios, fluctuaciones bursátiles, suministros energéticos, gestión de flujos de materias primas, transporte o tráfico, etc., es preciso estudiar y comprender las interacciones, interconexiones y redes entre los distintos entes. Su configuración, reconfiguración, topología, dinámica y temporalidad son la expresión de sus comportamientos en la vida corriente. Dan lugar a nuevas expresiones, nuevos comportamientos, lo que nosotros los científicos denominamos también emergencia. Comprender este fenómeno resulta esencial para desarrollar nuevas soluciones, por sí mismas adaptativas, capaces de reconfigurarse con el mínimo esfuerzo para alcanzar un máximo de eficacia.
Las ontologías como expresión del conocimiento, la taxonomía como método de descomposición, la semántica asociada a los diferentes elementos constitutivos, la valorización de las condiciones, los condicionantes y la dinámica de interacción, permiten construir otra forma de aproximarse a la comprensión de un sistema. Esta aproximación sistémica iterativa, incremental y capacitaria, aunque parcial, resulta particularmente adecuada para aprehender la complejidad, como por ejemplo la de la ciudad. En una ciudad existe realmente una multiplicidad de necesidades, usos, servicios y flujos: alimentación, vivienda, entorno, educación, cultura, transportes, sanidad, seguridad, energía, residuos, comunicación, etc. Modelizarlos, analizarlos, comprenderlos en una dinámica transversal, desemboca en otra manera de concebir las soluciones para la ciudad. Es el enfoque que proponemos, un enfoque de transformación y acción en el que lo digital desempeña un papel primordial.
El pensamiento creador va guiado por la emergencia de otro uso o de otra función: la comprensión de las interacciones entre sistemas interdependientes, que permite inventar o reinventar usos y servicios nuevos para transformar la vida real.
La creación de estos nuevos usos pasa por la implantación de plataformas de servicios, unas herramientas formidables que lindan con los mundos físico, digital y social, que permiten poner en común la información y, con ello, encarnándolas, replantear nuevas funcionalidades.
En este sentido, les invito a que lean la continuación de mis reflexiones en el artículo “Alegato para que la tecnología digital transforme (realmente) nuestras vidas”, que se publicará el próximo martes.
The digital revolution and the science of complexity – A tribute to Alan Turing (1/2)
1. The digital revolution has drastically changed our daily lives since the advent, 30 years ago now, of the first generation of personal computers. With the arrival of computer networks, digital technology rapidly emerged from being the domain of specialists and came within the reach of anyone with a networked personal computer.
The vast closely-knit planetary network known as the Internet then arrived on the scene, giving everyone – anywhere in the world – a new dimension through its use, thanks to the worldwide web, which became a collective reference, with the enormous success now known to all. The arrival of the social networks is once again transforming this notion of individual use, making digital networks a source of information intelligence – an individual source at first, but which very rapidly proved to also be a potent crucible of collective intelligence – endowed with limitless ubiquity in both time and space. As Michel Serres points out, neighbourhood metrics are disappearing in the new world shaped by digital technology, since we now have access to collective information and a certain level of culture at all times and in all places.
This is a “devirtualisation” revolution, since we are finally seeing a hybridisation between the physical world and the digital world, due to a massive new use, through which the Internet is connected to the world of objects or the Internet of Things (IoT), resulting in a profound transformation – I weigh my words – of the real world by the virtual world.
But this transformation would only be a technocrat’s dream, feeding the “geekosphere” and all places of technological sublimation through technology, if its true motor were not, in reality, the transformation through use of a function that transforms and improves our lives, through the creation – on a continuous basis and in all places – of social bonds, which break down barriers and then, in real life, forge new relationships between men and women, administrations and citizens, and between established institutional structures and the diffuse, informal, destructured organisation of the digital multitudes – thus making the connected life a true place, a true moment of change and transformation.
Its impact is not limited to “techy” practice, which even when intense, often has little or no contact with real life. Real life, the life of men and women, is essentially fragile, impermanent and fleeting; it is shaped on a daily basis by its environment and traversed by two major vectors: necessity and chance. Necessity and chance are indeed two intrinsic and invariant properties of human life, which cover by definition the axiomatics of complexity and transversality – complexus in its Latin meaning; they make our existence a history that must be forged in common, but also a path which it is up to each individual to discover.
2. In these agitated, even troubled times, it can’t do any harm to return to the source, particularly to digital sources. That is why I would like to say a few words about a man who, on the basis of his founding experience with thought and uses, made a revolutionary contribution to humanity (i.e. a universal machine or computer imagined by him). In fact, last year – Alan Turing Year (ATY) – we celebrated the centenary of the birth of the great Alan Turing, the inventor of the Turing machine. And if I may add, it’s better to celebrate his birth than his death! In fact, Turing took his own life at the age of 42, poisoning himself with an apple containing cyanide (in a tribute to Newton… from whom Apple also drew its inspiration!) to escape from the shameful condemnation imposed on him by England to punish him for his homosexuality. What a waste for this exceptionally brilliant man! The scientific community rallied, particularly during Alan Turing year in 2012, to demand his pardon.
These principles are at the heart of the fascinating adventure of digital technology in the service of complex systems, of which our modern way of life is one of the most striking expressions. Turing demonstrated that his universal machine would be capable of solving almost any problem, as long as it is expressed through algorithms in a suitable symbolic language executing instructions and calculation sequences and imitating tasks so that they can be successfully completed.
He also made an “incalculable” contribution – and here too, I weigh my words – to Europe, the Allies and to humanity, in terms of humanistic and democratic values, by creating the machine – the first computer dubbed ENIGMA –, which was used to decode the messages of the Nazi army during World War II, thus playing a crucial role in the fight against fascism. Moreover, I invite you, dear reader, if you visit Paris, to go see this machine at the Museum of Letters and Manuscripts and to bow to it with respect, if I may be so bold, to salute the memory of this great scientist and committed man.
This is also a founding idea, because it is of interest to all those who, like myself, study non-deterministic problems. It means that the information and the vision we have of this type of problem are not globalizing and that analytically, even using our best efforts, we will not resolve these problems in a totalising manner, because they are not algorithmically compressible. At best, we can only achieve partial, approximate views.
Alan Turing also laid the foundations of what are called neural networks. He became interested in this approach known as morphogenesis, in which the combination of models taking account of random variables can produce significant change effects within interconnected structures, each of which obeys its own rules and laws.
3. The fundamental contributions of the digital revolution must thus be integrated into a broader vision of the world that takes continuously changing uses and services into account – a world which, as we have seen, is driven by necessity and chance, and which remains, by definition, unpredictable as a whole.
The science of complexity surpasses computational determinism by transforming our way of addressing these issues. Its relevance is even more evident when it comes to understanding day-to-day life in cities. A complex system – and each city is such a system – is composed of several components or subsystems in mutual dynamic and permanent interaction, situated in specific contexts. Let’s take the example of an object such as a racing bike, which is nothing other than a multiplicity of combinations and interactions of wheels and levers – simple components that were invented by man at the dawn of time, to use the example given by John Gribbin of Cambridge.
The goal of our research is to understand their potential, but by going further, beyond each of these elements to create something new by linking them differently: a new use, a new function which becomes in turn another object, a new entity with its own rules, its own life – in short, an entirely different system that is neither a wheel nor a lever, but a racing bike, for example. Thus the whole becomes more than the sum of its parts in the heart of this complexity so well conceptualised by Edgar Morin.
In order to understand the profound reality of such phenomena of everyday life as varied as earthquakes, population movements, market fluctuations, energy supplies, raw material flow management, transportation and traffic, etc. it is therefore necessary to study and understand interactions, interconnections and networks between the various entities. Their configuration, reconfiguration, topology, dynamics and temporality are the expression of their behaviour in everyday life. They give rise to new expressions and new behaviours – something we scientists call emergence. Understanding this phenomenon is crucial for the development of new solutions, which are themselves adaptive and capable of reconfiguring themselves with minimum effort for maximum efficiency.
Ontologies as an expression of knowledge, taxonomy as a process of decomposition, the semantics associated with the various constituent parts and the emphasis on conditions, constraints and the interaction dynamic offer another way to approach the understanding of a system. Even when partial, this iterative, incremental and capacitive systemic approach is particularly relevant for understanding the complexity of a city, for example. In a city, there are a multiplicity of needs, uses, services and flows: food, housing, environment, education, culture, transport, health, safety, energy, waste, communication etc. Modelling, analysing and understanding them in a transversal dynamic leads to another way of designing solutions for cities. That is the approach that we propose, involving a process of transformation and action in which digital technology plays a major role.
Creative thought is guided by the emergence of another use or another function – while understanding interactions between interdependent systems makes it possible to invent or reinvent new uses and services to transform real life.
The creation of these new uses involves implementing service platforms, powerful tools at the interface of the physical, digital and social worlds that allow us to pool information and thereby rethink new functionalities while embodying them.
I invite you to read more of my thoughts on this topic in the article that will be posted next Tuesday: A Plea for digital technology to really transform our lives.