Au gouvernement et à l’opposition, à droite et à gauche, les dissensions font rage avec la longue liste de pré-candidats à des primaires, déclarés ou virtuels… La vie quotidienne des Français est traversée par les manifestations en cours, face à la loi Travail, avec son cortège de blocages et conflits de toutes sortes. Entre le « ça va mieux », le « ça pourrait être pire » ou le « ça ne va pas du tout », les clivages se font sentir au quotidien avec en toile de fond l’élection présidentielle à venir, en moins d’un an.
Un malaise mondial entre les citoyens et les politiques
Mais ce n’est pas, hélas, une exclusivité française. En Europe, il y a quelques jours, l’Autriche a été confrontée à une élection présidentielle où l’extrême droite, le FPO, a frôlé de quelques milliers de voix la victoire, laquelle est échue de peu au candidat « écologiste », tendance sociale-libérale. Au sud de l’Europe, l’Espagne, depuis la fin 2015, n’a toujours pas de gouvernement après une élection qui n’a pas pu dégager une majorité nette; et, faute d’alliances possibles, de nouvelles élections ont été convoquées.
En Allemagne, au mois de mars, lors des élections régionales dans le land de Saxe-Anhalt (en ex-Allemagne de l’Est), le parti d’extrême droite, Alternative pour l’Allemagne (AfD) est arrivé deuxième avec 21,5% des voix, derrière le parti de gouvernement, la CDU (30,5%), et devant son allié de la « grande coalition », le SPD. Avec d’autres résultats plutôt favorables, ce parti extrémiste fondé il y a à peine trois ans, représente un coup de semonce dans la vie politique allemande. En Grande-Bretagne, l’issue du référendum autour “Brexit” (faut-il sortir ou non de l’Union européenne) demeure à ce jour très incertaine.
Aux États-Unis, le candidat populiste, le milliardaire Donald Trump, porteur d’une Amérique tournée sur elle-même, isolationniste et ségrégationniste vient d’obtenir la majorité lui permettant d’être candidat pour le Parti républicain. La suite sera une rude bataille face à la – probable – candidate du Parti démocrate, Hillary Clinton.
Nous pouvons ajouter à cette liste de nombreux autres pays où les enjeux nationaux se trouvent confrontés à de très difficiles situations, et ce, un peu partout dans le monde. Le Brésil et la violente crise de gouvernance de l’État fédéral ; le Venezuela, puissance pétrolière qui s’enfonce dans le chaos, qui le rapproche de plus en plus d’une confrontation civile ; les Philippines, avec un président populiste et extrémiste, Rodrigo Duterte, élu le 9 mai sur une écrasante victoire, se proclamant être celui qui va « éradiquer de force le crime » et n’hésitant pas à revendiquer avoir été à la tête de milices qui se font justice elles-mêmes; ou alors les secousses telluriques pas encore tout à fait finies, produites par des révélations telles celles des « Panama Papers », qui par exemple se sont soldées par la démission du Premier ministre islandais Sigmundur David Gunnlaugsson.
La grande puissance mondiale qu’est l’Inde est soumise à de fortes tensions, avec son pourtant indispensable allié, l’Afrique, après les multiples attaques survenues à l’encontre de ressortissants africains en divers lieux du pays.
« Les ressortissants africains vivent dans un climat omniprésent de peur et d’insécurité », ont déclaré des ambassadeurs africains en poste en Inde après le meurtre par lapidation d’un jeune Congolais, le 20 mai dernier, donnant lieu à des protestations concertées, voire des mesures de représailles à venir.
En toile de fond, et sans tomber dans le catastrophisme, la crise économique internationale, le chômage massif qui atteint en particulier les jeunes et les séniors, les importantes dettes publiques, la crise du Moyen-Orient et l’afflux de réfugiés, qui viennent alimenter la crise politique avec, au cœur, la méfiance vis-à-vis de gouvernants voire de leur opposition traditionnelle. Les défis sociétaux n’ont jamais été si forts dans ce monde en crise, conjuguant la pauvreté avec l’exclusion sociale, la fragilité de ressources énergétiques, le changement climatique, la démographie galopante et aussi le vieillissement de la population, pour revenir à la France et à l’Europe.
Le retour de la bienveillance passera par le numérique
Face à ces crises à répétition des Etats, la présence des urbains avec une vie devenue à majorité citadine, partout dans le monde, et à plus de 75% en Europe et en France, est venue changer la donne de la vie politique, démocratique, sociale, économique, écologique et culturelle.
Être urbain, ce n’est plus seulement se sentir attaché à un lieu de naissance ou de vie. C’est aujourd’hui une appartenance à une nouvelle culture, qui a bouleversé et a fait voler en éclats les frontière existantes jusqu’alors.
La convergence avec la révolution numérique a créé une autre manière de percevoir et de sentir le territoire, l’espace et les relations sociales, qui passent par le fait d’être citadin. Sur les plus de 3 milliards d’internautes dans le monde, plus de 2 milliards sont présents et actifs sur les réseaux sociaux. Nous parlons donc de 68% des internautes et de 28% de la population mondiale. Rien que sur Facebook, il s’agit de 1,5 milliard d’usagers dans le monde et, parmi eux, 30 millions de Français. Leur moyen de participation et de consultation est devenu depuis l’année 2014 majoritairement les téléphones mobiles. Cela a profondément changé la nature de l’expression de l’urbain dans ses relations sociales. Qu’il s’agisse de “Nuit Debout”, de manifestations de rue, de violences, de blocages de sites ou de toute autre forme d’expression de tensions sociales, l’omniprésence de vidéos, photos, témoignages à travers les réseaux et médias sociaux est venue transformer, la perception de la situation. Qu’il s’agisse de violences policières, mais aussi de rendre hommage à leurs efforts, dont à Paris, par exemple, au « Kung Fu Cop », pour parler du policier pris violemment à partie par des casseurs et qui les a affrontés à mains nues.
Mais si nous voulons approfondir la radiographie de la situation, en France et à l’étranger, cette crise est bien plus que l’expression d’une confrontation sociale. Elle est avant tout le changement d’une société d’un paradigme post-industriel, vers un paradigme des usages et des services urbains. La convergence de luttes, à la manière des appels néo-marxistes, n’est plus en phase avec le passage vers un monde d’une culture urbaine et d’une jeunesse, qui vit dans des territoires métropolitains, objet d’autres enjeux que ceux de la politique et de l’économie traditionnelle, qui déclinent inexorablement. La vraie révolution, avec des braises à peine visibles aux yeux des uns et des autres, gouvernants et représentants des institutions traditionnelles, est celle de la prise de pouvoir des villes et des métropoles, sur l’ensemble du territoire. Les gouvernants nationaux ont perdu le fil qui les liait aux villes et territoires et la méfiance à leur égard s’est inexorablement installée.
Quand à l’horizon de 2030, le PIB sera porté par 750 métropoles dans le monde, quand aujourd’hui en Europe, 139 villes portent 44% de son PIB, quand de multiples villes possèdent des PIB supérieurs à celui de beaucoup d’états, il faut bien accepter qu’un autre monde a émergé.
Ce qui était avant, il y a 15 ans, des signaux faibles, est devenu non seulement des signaux forts que nous ne pouvons plus ignorer, mais ils amènent leurs lots de secousses, de bouleversements, de ruptures de toute sorte. Il faut bien se rendre à l’évidence que leur centre de gravité repose aujourd’hui dans le fait urbain. Aucune solution n’est ni sera possible sans passer par un grand pacte social urbain, car c’est dans nos villes et à leur échelle, où devra se conjuguer au présent, le Vivre autrement, le Vivre mieux, le Vivre ensemble, avec l’éducation, la culture, l’économie, l’inclusion sociale, la démocratie participative, la résilience et les transitions énergétiques et numériques.
Ce n’est pas un monde en transition, mais un monde qui bascule, d’une culture (ou anti culture) étatique, selon les sources idéologiques du XIXe siècle, vers une culture du XXIe siècle urbaine, servicielle, numérique et ubiquitaire, sur laquelle il faut construire d’autres repères. Nous ne serons plus en mesure de réenchanter un pays si avant tout nous ne réenchantons pas nos villes. Ce n’est plus l’imagination au pouvoir, mais le pouvoir d’imaginer nos villes…
Plus que jamais, réinventer nos villes doit être au cœur de nos préoccupations quotidiennes, ici ou à l’autre bout du monde.
¿Y si las ciudades fuesen nuestro recurso?
La sociedad francesa se enfrenta una vez más a fuertes tensiones. El gobierno y la oposición, derecha e izquierda, las disensiones están en su apogeo entra la larga lista de precandidatos a las primarias, bien sean declarados o virtuales. La vida cotidiana de los franceses está siendo atravesada por las manifestaciones actuales, contra la Ley del Trabajo, con su cortejo de bloqueos y conflictos de todo tipo.
Entre “todo va mejor”, “podría ser peor”, o el “no hay nada que vaya bien”, las divisiones se hacen sentir cada día con el telón de fondo de la próxima elección presidencial en menos de un año.
Pero no es, por desgracia, una exclusividad de Francia. En Europa, hace pocos días, Austria ha enfrentado una elección presidencial donde la extrema derecha, el FPO, se ha quedado a pocos miles de votos de la victoria, que ha sido por poco del candidato “ecologista”, de tendencia social-liberal. En el sur de Europa, España después del fin de 2015 aún no tiene gobierno después de una elección que no ha arrojado una mayoría clara, y ante la falta de posibles alianzas, se han convocado nuevas elecciones.
En Alemania, en el mes de marzo, durante las elecciones regionales en Sajonia – Anhalt, ex Alemania del Este, el partido de extrema derecha, Alternativa para Alemania (AfD) fue segundo con el 21,5% de los votos, detrás del partido de gobierno, la CDU (30,5%) y por delante de su aliado de la “Gran Coalición” el SPD. Con otros resultados más favorables, este partido extremista fundado hace apenas 3 años, es también una llamada de atención en la vida política alemana.
En Gran Bretaña, el asunto del referendum sobre la permanencia o salida de la Unión Europea, el Brexit, es a día de hoy más incierto. En Estados Unidos, el candidato populista, el billonario Donald Trump representante de una América regresiva, aislacionista y segregacionista viene de obtener la mayoría que le va permitir ser candidato del Partido Republicano. El resultado será una dura batalla contra la, probablemente, candidata del Partido Demócrata, Hillary Clinton.
Podemos añadir a esta lista de nombres otros países donde los desafíos nacionales se encuentran confrontados a situaciones muy difíciles y esto se entiende por todo el mundo.
Brasil y la violenta crisis de gobernanza del Estado Federal; Venezuela, potencia petrolífera que se sume en el caos, que amenaza de tanto en tanto con una confrontación civil; Filipinas con un presidente populista y extremista, Rodrigo Duterte, elegido el 9 de Mayo en una aplastante victoria, proclamándose en quien va a “erradicar la fuerza del crimen” y no dudando en reivindicar el estar al frente de milicias que se toman la justicia por sí mismas; o los temblores aún no terminados producidas por las revelaciones de los llamados “Panama Papers”, que por ejemplo, han significado la dimisión del primer ministro islandés Sigmundur David Gunnlaugsson.
La gran potencia mundial que es India está sumida en fuertes tensiones, con su aliado indispensable, África, después de múltiples ataques realizados a africanos en diversos lugares del país. “Los ciudadanos africanos viven en un clima de omnipresente miedo e inseguridad”, han declarado los embajadores africanos en India tras la muerte por lapidación de una joven congoleña, el 20 de mayo pasado, dando lugar a protestas concertadas, pidiendo venganza.
En el fondo, y sin caer en el catastrofismo, la crisis económica internacional, el desempleo masivo que afecta en particular a los jóvenes y los mayores, las grandes deudas públicas, la crisis del medio oriente y el flujo de refugiados, que viene a alimentar la crisis política con la desconfianza en el corazón de los gobernantes y su oposición tradicional. Los desafíos sociales no han sido nunca tan fuertes en este mundo en crisis, conjugando la pobreza con la exclusión social, la fragilidad de los recursos energéticos, el cambio climático, la demografía galopante y también el envejecimiento de la población, que afectará a Francia y a Europa.
Frente a estas crisis de los Estados, la presencia de los ciudadanos con un vida mayoritariamente urbana, por todo el mundo, y con más del 75% en Europa y en Francia, ha cambiado el juego de la vida política, democrática, social, económica, ecológica y cultural.
Ser urbano, no significa solamente sentirse ligado a un lugar de nacimiento, o de vida. Hoy en día es una pertenencia a una nueva cultura que ha revolucionado y ha hecho volar por los aires las fronteras existentes hasta entonces.
La convergencia con la revolución digital ha creado una nueva forma de percibir y de sentir el territorio, el espacio y las relaciones sociales, que pasan por el hecho de ser ciudadanos. De los más de 3 mil millones de internautas en el mundo, más de 2 mil millones están presentes y son activos en redes sociales. Nosotros hablamos entonces de un 68% de los internautas y un 28% de la población mundial. Nada mas Facebook, tienen 1.500 millones de usuarios en el mundo, 30 millones de ellos en Francia. Su modo de participación y consulta se ha convertido, después de 2014, a través de dispositivos móviles mayoritariamente. Esto ha cambiado profundamente la naturaleza de la expresión urbana con sus relaciones sociales. Ya se trate de #NuitDebout, de manifestaciones en la calle, de violencia, de bloqueos de lugares o de cualquier otra forma de expresión de las tensiones sociales, la omnipresencia de videos, fotos, historias a través de las redes y los medios sociales transforman la percepción de la situación. No sólo se trata de violencia policial sino también de rendir homenaje a sus esfuerzos, en Paris, por ejemplo, el “Kung Fu Cop”, por hablar del policía asaltado violentamente por los manifestantes a quienes afrontó con las manos desnudas.
Pero si queremos profundizar en la radiografía de la situación, en Francia y el extranjero, esta crisis es fundamentalmente la expresión de una confrontación social. Es sobre todo el cambio de una sociedad, de un paradigma post industrial frente a un paradigma de los usos y servicios urbanos. La convergencia de luchas, en la forma de las reivindicaciones neo marxistas, ya no está en fase con la transición a un mundo de la cultura urbana y de una juventud que vive en los territorios metropolitanos, objetos de otros desafíos diferentes a los de la política y economía tradicional, que decaen inexorablemente. La verdadera revolución, con las ascuas apenas visibles de los unos y los otros, gobernantes y representantes de las instituciones tradicionales, es la toma de poder de las ciudades y las metrópolis, en todo el territorio. Los gobernantes nacionales han perdido el hilo que les ligaba a las ciudades y territorios y la desconfianza hacia ellos se ha instalado inexorablemente.
Cuando en el horizonte de 2030, el PIB sea aportado por 750 metrópolis en el mundo, cuando a día de hoy en Europa, 139 ciudades aportan el 44% de su PIB, cuando las múltiples ciudades posean PIBs superiores a muchos estados, haremos bien aceptando que un mundo diferente ha emergido.
Hace quince años, había señales débiles, que se han convertido no solamente en señales fuertes, que no podemos pasar por alto, porque sus repercusiones son de todo tipo. Haríamos bien en rendirnos a la evidencia de que su centro de gravedad reposa a día de hoy en el hecho urbano. Cualquier solución no es ni será posible sin pasar por un gran pacto social urbano, porque es en nuestras ciudades y en su escala, donde deberá conjugarse el presente, vivir de otra manera, vivir mejor, vivir compartiendo, con la educación, la cultura, la economía, la inclusión social, la democracia participativa, la resiliencia y las transiciones energética y digital.
Éste no es un mundo en transición, sino un mundo que bascula, de una cultura (o anti cultura) estática, según las fuentes ideológicas del siglo XIX, frente a una cultura del XXI urbano, de los servicios, digital y ubicuitario, sobre el que tenemos que construir otros puntos de referencia.
No seremos capaces de volver a encantar un país si no somos capaces de reencantar nuestras ciudades. No se trata de la imaginación al poder, sino el poder de imaginar nuestras ciudades…
Ahora más que nunca, reinventar nuestras ciudades debe estar en el corazón de nuestras preocupaciones cotidianas, aquí o al otro lado del mundo.